Avec un soutien quasi unanime, le Conseil National de Transition (CNT) du Tchad a fait de Mahamat Idriss Déby à la dignité de Maréchal du Tchad le 9 décembre 2024 . Ce vote, adopté par 160 voix pour, 2 contre et 6 abstentions, marque une étape symbolique majeure dans le mandat du président tchadien. Mais cette trajectoire ravive les interrogations sur la centralisation du pouvoir et la militarisation de la gouvernance.
Présidée par Haroun Kabadi, président du CNT, la séance dédiée aux distinctions honorifiques a consacré le rôle de Mahamat Idriss Déby dans la lutte contre l’insécurité. Cette élévation intervient quelques semaines après l’opération spéciale « Haskanite », menée pour repousser une attaque de Boko Haram ayant coûté la vie à une quarantaine de soldats tchadiens.
Supervisée personnellement par le président dans la province du Lac, cette intervention militaire a renforcé son image de dirigeant actif sur le terrain, suivant les pas de son père, Idriss Déby Itno, Maréchal et ancien chef de l’État.
Maréchal du Tchad, Un héritage dynastique consolidé
Mahamat Idriss Déby, élu président en mai 2024 avec 61 % des voix, incarne la continuité d’un pouvoir dynastique instauré par son père. Après la mort de ce dernier en avril 2021, il a dirigé le Conseil militaire de transition, avant de prendre officiellement la tête du pays.
Cependant, cette distinction suscite des critiques. Certains observateurs y voient une stratégie visant à renforcer son autorité, dans un pays où le processus démocratique reste fragile. Les symboles militaires, bien que valorisés pour leur rôle dans la défense nationale, sont parfois perçus comme des instruments pour maintenir une mainmise sur le pouvoir.
Une militarisation du pouvoir au détriment de la démocratie ?
Si cette reconnaissance est saluée par les partisans du président comme une récompense pour ses efforts face aux défis sécuritaires, elle interroge sur la place accordée à la démocratie dans un régime dominé par les figures militaires. Depuis des décennies, le Tchad s’appuie sur ses chefs militaires pour assurer sa stabilité, au risque de négliger les aspirations populaires à une gouvernance plus inclusive.
L’élévation de Mahamat Idriss Déby au rang de Maréchal ne se limite pas à un hommage pour ses actions récentes. Elle reflète un modèle de pouvoir où le chef militaire est érigé en protecteur suprême de la Nation, mais au prix d’une centralisation politique et d’un espace démocratique réduit.
Alors que le Tchad fait face à des défis sociaux et économiques de taille, cette distinction interroge : renforcera-t-elle la légitimité du président ou confortera-t-elle les critiques sur une militarisation excessive du régime ? Pour beaucoup, le défi sera de conjuguer sécurité et ouverture démocratique, afin de construire un avenir où les symboles militaires n’éclipsent pas les aspirations citoyennes.
Cliquez-ici pour nous rejoindre sur notre chaîne WhatsApp