Entre avancée décisive au Qatar et diplomatie de terrain au Rwanda, les efforts se multiplient pour ramener le calme dans l’Est de la RDC et dans la région des Grands Lacs. Faure Gnassingbé, fort d’un mandat de l’Union africaine, tente de transformer le cessez-le-feu entre Kinshasa et le M23 en dynamique de paix régionale.
Le 23 avril restera peut-être comme une date charnière dans la crise sécuritaire qui ensanglante l’Est de la RDC. Ce jour-là, le gouvernement congolais et les représentants de l’Alliance Fleuve Congo/M23 ont signé à Doha une déclaration conjointe prévoyant un cessez-le-feu immédiat. Une percée rendue possible par une médiation discrète mais efficace de l’État du Qatar, qui conforte son rôle grandissant sur le continent.
La déclaration, saluée par plusieurs chancelleries africaines, engage également les deux camps à rejeter les discours de haine et à ouvrir un dialogue sur les causes profondes du conflit.
« Ce cessez-le-feu est un premier pas, mais la paix durable ne pourra émerger que d’un dialogue sincère », a estimé un diplomate ouest-africain.
Est de la RDC : Lomé sur le pont
Alors que les pourparlers de Doha s’achevaient, le président togolais Faure Gnassingbé se rendait à Kigali, relançant une autre phase du processus sous mandat de l’Union africaine. Objectif : détendre les relations entre la RDC et le Rwanda, que Kinshasa accuse régulièrement de soutenir le M23. Accusation que Kigali ne cesse de rejeter fermement, parfois trahi par les preuves.
L’entretien entre Faure Gnassingbé et Paul Kagamé, le 21 avril, visait à établir les prémices d’un dialogue bilatéral, dans un contexte régional alourdi par la méfiance et les escalades verbales. Selon la présidence togolaise, cette mission s’inscrit dans « une logique de réconciliation durable, fondée sur la confiance mutuelle et la stabilité régionale ».
C’est pour cela d’ailleurs que Faure Gnassingbé s’est rendu en Ouganda voisin où il a eu des échanges avec Yoweri Museveni dont le pays est aussi impliqué dans l’instabilité de l’Est de la RDC.
Une crise aux multiples foyers
La situation reste néanmoins fragile. À Kinshasa, le climat politique s’est encore tendu avec la suspension du PPRD, le parti de l’ancien président Joseph Kabila, et le lancement de poursuites judiciaires contre lui pour « haute trahison », après sa visite à Goma. Les autorités congolaises dénoncent un acte de provocation dans une ville qualifiée de « sous occupation rwandaise ».
Dans ce contexte, la juxtaposition des initiatives diplomatiques de Doha à Lomé, en passant par Kigali ou encore Kampala, dessine un front diplomatique inédit dans la région. Le Qatar, en facilitateur ponctuel mais influent ; le Togo, en médiateur mandaté et constant ; l’Union africaine, en garante d’un processus multilatéral.
Faure Gnassingbé, médiateur méthodique
Peu disert sur ses initiatives, Faure Gnassingbé poursuit une approche méthodique, où l’écoute patiente et les entretiens discrets priment sur les grandes déclarations.Le président togolais s’impose comme l’un des artisans les plus constants de la diplomatie préventive en Afrique.
L’enjeu dépasse le seul conflit dans l’Est congolais. C’est toute la stabilité de la région des Grands Lacs, tiraillée entre ressources convoitées, mouvements armés transfrontaliers et rivalités géopolitiques, qui est en jeu. Et au cœur de cette équation complexe, le Togo s’affirme, lentement mais sûrement, comme un faiseur de paix crédible.
Pour l’heure, les regards sont tournés vers les parties prenantes directes du conflit notamment en ce qui concerne la traduction dans les faits des engagements de Doha. L’enjeu de taille est de parvenir à construire une architecture régionale capable d’absorber les chocs et de désamorcer les crises à l’Est de la RDC et au-delà, dans la région des grands Lacs.
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