En marge du 5è sommet Europe-Afrique qui se tient à Abidjan en Côte d’Ivoire, le Président français s’est prononcé sur le manque d’alternance sur le continent africain et sur la crise politique en cours au Togo. Emmanuel Macron qui s’est prononcé en faveur des réformes devant permettre des processus électoraux libre et démocratique, a également estimé que la longue conservation du pouvoir n’est pas une bonne chose. Des déclarations qui paraissent ambiguës aux yeux de plusieurs togolais. L’opposition et le pouvoir y vont de leurs commentaires.
Dans une interview qu’il a accordée aux médias français, Rfi et France24 notamment dans le cadre du sommet en cours à Abidjan, Emmanuel Macron pense qu’il faut que le peuple togolais s’exprime librement dans les urnes au sujet d’une alternance dans le pays.
Le Président français souhaite que le cadre du pluralisme soit respecté pour que les oppositions togolaises puissent faire valoir leurs arguments.
Le patron de la République En Marche explique que c’est d’ailleurs dans ce sens que le Président en exercice de l’Union Africaine, Alpha Kondé a réuni la semaine dernière les opposants togolais à Paris.
« … Je l’encourage. Dans ce pays, il est important qu’il puisse avoir un cadre électoral dans lequel les oppositions puissent s’exprimer, aller devant les urnes avec un processus électoral qui doit faire l’objet d’une vérification pour s’assurer de sa sincérité comme cela a été d’ailleurs le cas au Burkina Faso. Et permettre soit une confirmation démocratique ou une alternance. », a déclaré Emmanuel Macron.
Le patron de l’Elysée soutient qu’il ne relève pas de lui de préjuger le sujet relatif à l’alternance au Togo en général et dans d’autres pays africains en particulier.
Ces déclarations ont été perçues comme un soutien de la France à Faure Gnassingbé qui souhaiterait briguer un autre mandat en 2020, si la réforme constitutionnelle est faite alors que l’opposition et plusieurs personnalités l’appellent à renoncer au pouvoir pour sortir par la grande porte.
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Les partisans du président togolais estiment que ces mots d’Emmanuel Macron tonnent comme un camouflet pour l’opposition togolaise qui exige le retour à la version originelle de la constitution de 1992 et la démission ici et maintenant de Faure Gnassingbé.
Emmanuel Macron a toutefois nuancé son intervention, estimant qu’une longue conservation du pouvoir n’est pas une bonne chose.
« Je pense par contre que la conservation longue du pouvoir sans processus électoraux, sans cadre du pluralisme n’est pas une bonne chose pour ceux et celles qui vivent dans ce pays. Elle ne garantit pas le respect des droits fondamentaux et des libertés individuelles et une bonne gouvernance pour le pays », a-t-il précisé.
Et c’est ici que les partisans de l’opposition ont trouvé des piques à l’endroit du régime de Faure Gnassingbé dont la famille régente le Togo depuis plus de 50 ans maintenant. Au sein de l’opposition, l’on estime que la lutte politique actuelle vise à mettre fin à la longue conservation du pouvoir par les Gnassingbé.
Depuis jeudi donc, les deux camps interprètent les propos de Macron comme ils l’entendent. Sur des plateformes de discussions, les partisans du pouvoir et ceux de l’opposition continuent de s’agiter, cherchant à démontrer soit que la position d’Emmanuel Macron est favorable à Faure Gnassingbé ou plutôt à l’opposition.