Derrière le mirage d’un masque exquis, se cache, en réalité, un visage hideux. C’est bien la caricature, toute faite, de la situation sociopolitique et économique qui prévaut aujourd’hui au Mali et au Niger. Car, aux commandes de ces deux pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), les régimes populistes, par une gouvernance hasardeuse, ne font qu’accentuer et perpétuer le martyr dont souffrent, à bien des égards, les populations de ces deux pays. Insécurité chronique, nominations suspectes dans les appareils étatiques qui cachent mal des non-dits, malaise social, frustrations et alanguissements dans les rangs des Forces de défenses et de sécurités…
Déjà en proie à l’insécurité, l’avènement des régimes putschistes, miroités comme la panacée, n’est que du leurre. Au contraire, la succession des événements, très souvent volontairement tus et cachés de l’opinion, affiche plutôt un tableau dont les signaux sont au rouge. Au Niger, le coût de la vie, la montée du chômage et surtout une progression notable de l’insécurité fait monter le mercure. Cela, ajouté aux récurrents pillages et violences dont sont quotidiennement victimes, les populations maliennes et celles vivant dans la zone des trois frontières où règnent et sèment la terreur, deux groupes terroristes, notamment l’Etat Islamique au Grand Sahara et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM).
Du Niger au Mali…La psychose JNIM
Dépassées par les incessantes attaques de ces groupes islamistes qui se manifestent, ces derniers mois, par des embuscades et engins explosifs improvisés, les Forces de défenses et de sécurité (Fds) du Niger sont envahies par la psychose et la torpeur, du fait des énormes pertes enregistrées dans leurs rangs. Déboussolées et dévastées par la hantise, l’armée loyale nigérienne fait face à une incapacité notoire d’assumer sa propre sécurité ainsi que celle des populations civiles. Comme conséquence, le mois d’août, particulièrement meurtrier, a enregistré une augmentation accrue des attaques islamistes, beaucoup plus commises par la Cellule de Torodi.
Il en est de même dans la zone frontalière entre le Niger et le Burkina Faso, comme c’est le cas d’ampleurs attaques perpétrées, le 20 mai 2024, par les terroristes de JNIM à Boni sur le territoire nigérien. Le bilan est énorme dont 50 morts dans les rangs des Fds. Quelques jours plus tard, c’est le tour de Mansila, au Burkina Faso, d’accueillir entre le 13 et le 14 juin, des incursions dévastatrices des islamistes, avec cette fois-ci, un bilan plus lourd. Environ 150 Fds tuées. Ce n’est pas tout. Des attaques meurtrières ont également eu lieu à Tassia, le 22 juin, avec une vingtaine de morts, puis à Gotheye avec une quarantaine dans les rangs des forces loyalistes.
Aussi, est-il utile de rappeler que le 8 juillet dernier, une embuscade tendue dans la région de Tilabéri, plus précisément sur l’axe Say-Tamou (zone ouest du pays) a coûté la vie à 1 agent des Fds nigériennes et blessé une dizaine. Actuellement, 6 éléments des Fds nigériennes sont capturés et faits prisonniers par des terroristes d’un autre groupe islamiste, ceux de l’EIGS. Par ailleurs, des actes de terreurs et de banditismes assortis d’enlèvement et demandes de rançons se perpètrent au quotidien dans la région de Maradi.
Pendant ce temps, la région Est du pays devient une forteresse de Boko Haram et l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Depuis des mois déjà, ces deux groupes islamistes tendent des embuscades et posent des engins explosifs improvisés. Il y a quelques jours, ils ont mené des attaques meurtrières contre des populations civiles sur l’axe Mainé-Soroa-Diffa, obligeant les autorités locales à instaurer une escorte militaire sur ledit axe.
Dans la zone Nord-Est du Niger, émergent également plusieurs groupes rebelles portant des revendications politiques. Parmi ces groupes, se trouvent le Front Patriotique de Libération (FPL), le Front Patriotique pour la Justice (FPJ), et le Conseil de la République pour la Résistance (CRR). Tous ces groupes rebelles sont formels dans leurs exigences. Le départ au pouvoir de la Junte et le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Dans la foulée, le FPL a procédé, le 21 juin dernier, au kidnapping, d’ailleurs revendiqué, du Préfet du département de Blima, de retour d’une mission à Dirkou, ainsi que des militaires qui l’accompagnaient. Ce groupe rebelle a également revendiqué le sabotage, dans la zone de Zinder, du pipeline Niger-Bénin.
Pendant ce temps au Mali, les attaques se multiplient également dans plusieurs localités du pays. Le cas d’une attaque perpétrée le 17 septembre 2024 à Bamako et revendiquée par les terroristes du JNIM. Ces terroristes affiliés à Al-Qaida, dans leur descente, se sont attaqués temporairement à l’aéroport jusqu’à prendre temporairement le contrôle d’une partie de l’aéroport international de Bamako. Cette attaque est encore plus inédite et audacieuse, en ce sens que des images diffusées par les canaux du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans montrent des terroristes déambulant fièrement en tirant au hasard dans les vitres du pavillon présidentiel qui, pourtant, accueille habituellement les départs et arrivées du Président de la Junte, Col Assimi Goita et ses hôtes.
Outre ce cas inédit qui interpelle les consciences collectives, l’on ne saura passer sous silence celui du village de Dembo (Commune de Dimbal) qui a été attaqué, le 21 Juillet 2024, par des terroristes du JNIM qui y ont fait 25 morts, avec des blessés. De même que de nombreux commerces et biens incendiés par les agresseurs avant leur fuite. Le même jour au Mali, un incident entre les Fds en patrouille et un hameau peul, dans la localité de Srango (Cercle de Massina) a occasionné des morts dont trois hommes et un garçon de 14 ans.
Trois jours avant, une centaine de terroristes du JNIM équipés de moto et de véhicules 4×4 ont attaqué, dans la nuit du 18 juillet, le village Sandaré. Le bilan de cette attaque est de 7 Morts dans les rangs des Forces Armées Maliennes (FaMa) et 1 civile.
Influence suicidaire de Issoufou Mohamadou au Niger
Aujourd’hui, le Niger est tétanisé par l’évasion des prisonniers terroristes et criminels, constituant un danger permanent pour les populations civiles. Survenue dans la prison de Koutakalé, pourtant hautement sécurisée par la garde nationale, cette évasion spectaculaire est orchestrée par trois détenus terroristes affiliés à l’Etat Islamiste au Grand Sahara (EIGS) qui, dans leur manœuvre, sont parvenus à maitriser la sentinelle, à s’emparer des armes avant de semer la panique et la débandade parmi les éléments des forces pénitentiaires. Une révolte soldée par des pertes en vies humaines et des blessés dans les rangs des geôliers.
Face au pourrissement très avancé de la situation, dénotant l’incapacité de la junte de Tiani à gouverner le pays, tout semble dire qu’elle fait désormais de l’ancien Président Issifou Mohamadou, son parapluie. Aujourd’hui, l’ancien Président jouit d’une sécurité rapprochée assurée par un détachement de 50 hommes de la Garde présidentielle, affectés à la sécurisation de 5 villas de l’ancien président. Même les amis et proches de Issoufou Mohamadou se taillent la part de lion dans les différentes nominations dans l’appareil étatique au Niger. D’où des malaises sociaux au sein de l’armée qui fustigent un vaste plan d’enrichissement d’un clan autour du Gal Tiani.
Parmi ces proches du chef de la Junte qui se la coulent douce, pendant que la pauvre population vit la hantise permanente de l’insécurité et de l’inflation, figure le Col Major Salissou, ministre de l’Equipement. Des rumeurs incessantes révèlent l’achat récent, par cet officier, d’une villa grâce aux pots-de-vin à lui versés par des entrepreneurs. Ceci, en échange de l’attribution d’un marché. Une situation déchirante et qui donne l’air de s’enraciner grâce à ce qui s’apparente à un silence complice du Gal Tiani.
Raison, le chef de la junte, manifestement, ne dégage depuis lors, aucune volonté de dissuader les auteurs de ces actes de corruption et de prévarication, créant ainsi des grincements de dents, des frustrations et dresse inexorablement le lit à une mutinerie qui ronronne déjà. La somme de toute cette litanie de contingences sociopolitiques sus énumérées fait incontestablement aujourd’hui du Mali, du Niger, et par extrapolation le Burkina Faso, un terreau fertile à la psychose.
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