La CEDEAO et l’Alliance des Etats du Sahel (AES) réagissent diversement au report du scrutin présidentiel du 25 février au Sénégal par Macky Sall. Alors que l’une dit prendre acte de cette décision des autorités sénégalaises, l’autre estime que le report brise la promesse d’alternance démocratique tant attendue par le peuple sénégalais.
« La Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest prend acte de la décision prise par les autorités sénégalaises de reporter l’élection présidentielle prévue le 25 février 2024 », a déclaré la CEDEAO dans un communiqué qui a suivi l’annonce du président Macky Sall.
Selon ce même document, la Commission de la CEDEAO exprime sa préoccupation quant aux circonstances qui ont conduit au report de l’élection et lance un appel aux autorités sénégalaises à accélérer les différents processus afin de fixer la nouvelle date pour l’élection.
« La Commission exhorte en outre l’ensemble de la classe politique à prioriser le dialogue et la collaboration pour l’organisation d’une élection transparente, inclusive et crédible », ont invité les Etats membres de la CEDEAO.
L’institution sous-régionale salue le président Macky Sall pour avoir maintenu sa décision antérieure de ne pas briguer un autre mandat, et l’encourage à continuer de défendre et de protéger la tradition démocratique au Sénégal.
L’AES dézingue Macky Sall
Contrairement à la CEDEAO, le Burkina-Faso, le Mali et le Niger regroupés au sein de l’AES, trouvent que le report décidé par Macky Sall crée un tumulte au sein de la classe politique sénégalaise et au niveau international.
« Malgré ses assurances répétées de ne pas briguer un troisième mandat controversé, Macky Sall a annulé le décret fixant la date du scrutin présidentiel prévu le 25 février 2024. Ce changement dramatique brise la promesse d’alternance démocratique tant attendue par le peuple sénégalais », a commenté l’AES.
Ces 3 pays qui viennent de quitter la CEDEAO pour diverses raisons dont l’une est l’inaction de l’institution face au coup d’Etat constitutionnel prête à Macky Sall l’intention de se pérenniser au pouvoir.
« En décidant de choisir lui-même son successeur et de priver ainsi le peuple de son droit de choix, Macky Sall suscite des interrogations sur ses véritables intentions. Son désir excessif de rester au pouvoir le place dangereusement près des tendances autoritaires que l’Afrique a tant combattues », a condamné l’AES.
La décision du report du scrutin suscite même des remous au sein du parti présidentiel Sénégal. Quelques heures après l’annonce, le ministre Secrétaire général du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, démissionne de son poste pour recouvrer sa « pleine et entière liberté ». Par ailleurs, l’opposant au pouvoir, Khalifa Sall, ainsi que les Etats-Unis ont fait part de leurs inquiétudes à la suite de cette décision.