Tandis que la Ve République vient d’entrer en vigueur au Togo dans un climat politique tendu, Frédérick Yao Mawupenkor Tsatsu examine en profondeur ce tournant institutionnel majeur. Il a présenté le 19 mai à Abidjan un mémoire intitulé « Opportunités et défis du nouveau régime parlementaire pour la consolidation de la démocratie substantive au Togo ». Un travail salué par l’assistance, aussi rigoureux qu’engagé.
Issu du programme « Démocratie, État de droit et Engagement politique et citoyen dans l’espace francophone » de l’Université Senghor d’Alexandrie, ce mémoire arrive à point nommé, dans un contexte national où les interrogations autour du passage au parlementarisme se multiplient. Pour Frédérick Tsatsu, cette réforme constitutionnelle de 2024, si elle marque une rupture historique avec le présidentialisme centralisé hérité de l’indépendance, reste encore un chantier à stabiliser.
Ve République : entre promesses et fragilités
L’auteur retrace les racines du mal politique togolais : un excès de concentration du pouvoir, peu propice à la délibération démocratique. Selon lui, le basculement vers un régime parlementaire représente une occasion unique de refonder la gouvernance nationale sur des bases plus participatives, transparentes et équilibrées. Mais l’élan risque d’être freiné, avertit-il, par une culture politique peu rompue au dialogue parlementaire et un climat de méfiance entre acteurs politiques.
Appuyé par une comparaison avec les expériences britannique et mauricienne, le mémoire explore les modalités du contrôle parlementaire, les fonctions des commissions et l’implication citoyenne. Des modèles qui, bien que différents, offrent des enseignements adaptables. « Il ne s’agit pas de copier, mais de contextualiser intelligemment », insiste le chercheur.
Pour une appropriation nationale du changement
Frédérick Tsatsu ne s’est pas contenté d’un diagnostic. Il formule une série de recommandations : renforcement des capacités parlementaires, réforme du mode de scrutin, ouverture du Parlement à la société civile, et surtout, culture du consensus. Un message adressé tant à la majorité qu’à l’opposition, appelées à dépasser leurs postures habituelles pour consolider une transition encore fragile.
Plus qu’un exercice académique, ce mémoire s’impose comme un outil de réflexion et d’action au service du renouveau démocratique.
« Le parlementarisme ne réussira que s’il est sincèrement approprié », conclut M. Tsatsu qui appelle les Togolais à faire de cette nouvelle République non pas une fin en soi, mais un point de départ vers une gouvernance plus inclusive et responsable.
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