Rony Yedidia-Clein, ambassadrice d’Israël en Côte d’ivoire, au Bénin, au Burkina-Faso et au Togo est en séjour à Lomé. Occasion pour la diplomate de revenir sur le conflit armé en cours entre Israël et Hamas que l’Etat hébreux considère comme une organisation terroriste à détruire par tous les moyens. Dans une interview spéciale et exclusive donnée à TogoBreakingNews, elle est longuement revenue sur le caractère atypique de ce conflit qui n’est pas mené contre les palestiniens, ni les populations arabes. En fin d’interview, Mme Yedidia-Clein s’est également prononcé sur les relations avec le Togo que l’Etat hébreux veut aider à venir à bout des terroristes dans sa partie septentrionale. Lecture !
TogoBreakingNews : Quelle est la situation actuelle de la guerre en Israël ?
Rony Yedidia-Clein : Il y a six mois, nous sommes brutalement attaqués par le Hamas le 7 octobre. Le Hamas a franchi toutes les barrières érigées et est entré dans les petites villes proches de Gaza et a tué 1 200 Israéliens innocents, dont des bébés, des enfants et des personnes âgées. Ils ont violé un nombre indéterminé de femmes et kidnappé environ 215 Israéliens ainsi que des personnes d’autres nationalités qui se trouvaient là.
Ils ont attaqué Israël dans ce qui ne peut être décrit que comme une déclaration de guerre et Israël a donc dû riposter. Cette attaque a été menée par le Hamas et d’autres organisations terroristes à Gaza, toutes instrumentalisées par l’Iran qui les avaient probablement formés, les avaient très certainement financés et les avaient soutenus dans cette attaque.
Nous avons riposté contre cette attaque, et nous le faisons depuis six mois. Notre objectif est d’éliminer le Hamas qui a constitué une menace pour les Israéliens au cours des 17 dernières années, lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir, ainsi que pour Gaza. Depuis lors, ils constituent une menace et tirent depuis des roquettes sur les villages israéliens. Parfois plus, parfois moins. Nous avons mené des opérations contre eux, mais nous n’avons pas eu de véritables opérations concrètes. Et maintenant, il nous fallait une véritable guerre, car nous ne pouvons plus vivre avec ce genre d’attaque.
Nous nous sommes donc battus pour éliminer le Hamas afin de ramener nos otages. Tels sont les deux principaux objectifs de cette guerre.
Mais le Hamas et ses partisans ont déclaré que vous ne combattiez pas le peuple palestinien…
Nous ne luttons pas contre le peuple palestinien. Nous ne voulons faire aucun mal au peuple palestinien. Malheureusement, en temps de guerre, des choses peuvent arriver et parfois les Palestiniens ont été blessés. Dans de nombreuses guerres les plus modernes dans la plupart des endroits du monde, quand on parle de l’Afghanistan ou d’Irak, lorsque les armées occidentales se battent contre des organisations terroristes, le ratio de civils tués pour un terroriste tué est généralement d’environ 8 à 10 civils pour un terroriste.
Nous avons entendu partout dans le monde que ce sont des combattants de la liberté, des combattants résistants. Non, ce sont des terroristes, pas des résistants. Ce ne sont que des terroristes venus pour semer la terreur et la peur dans le cœur des Israéliens.
Chaque mort de civil est regrettable, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants. C’est extrêmement regrettable. Si nous pouvions, d’une manière ou d’une autre, lancer un raid contre le Hamas sans blesser un seul civil palestinien, c’est exactement ce que nous souhaiterions. Malheureusement, le Hamas utilise les civils palestiniens comme boucliers humains et a creusé un réseau de tunnels sous Gaza. Ils ont un réseau très étendu de tunnels et ces tunnels sont creusés sous les hôpitaux. Ils sont sous les mosquées, sous les écoles. Ils fréquentent les écoles de l’UNRWA. Ils se cachent dans les écoles et les hôpitaux.
Peux-tu imaginer ? Une femme va accoucher et il y a un terroriste juste dans la salle à côté d’elle.
Partout dans le monde, de nombreux pays reprochent à Israël de tuer des civils ou des Arabes…
Il ne s’agit pas d’une guerre contre le peuple palestinien. Le conflit est avec le Hamas, une organisation terroriste qui veut éliminer Israël et qui affirme qu’Israël n’a pas le droit d’exister. Nous ne nous battons pas avec le peuple arabe, ni avec les Palestiniens, ni avec d’autres pays arabes. Nous avons fait la paix avec l’Égypte il y a plus de 40 ans. Nous avons un accord depuis environ 30 ans avec la Jordanie. Au cours des dernières années, nous avons conclu la paix avec d’autres pays arabes, notamment les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.
Nous sommes impatients de faire la paix avec les autres pays arabes. En fait, l’une des raisons pour lesquelles je crois que cette guerre a commencé est parce que le Hamas et l’Iran ont vu que nous sommes presque sur le point de faire la paix avec l’Arabie Saoudite, l’un des plus grands et des plus importants pays arabes. Ils ne veulent pas laisser cela se produire et ils déclenchent une guerre pour que tout le peuple arabe du monde arabe se retourne contre Israël.
Cela n’a pas fonctionné pour eux parce que nous l’avons vu jusqu’à présent. Aucun de ces pays arabes n’a rompu ses relations avec Israël. Parfois, l’ambassadeur a été rappelé ou il y a eu un léger ralentissement dans certains cas. Mais ils n’ont pas rompu les relations, ce que le Hamas et l’Iran espéraient probablement.
Qu’en est-il de l’aide humanitaire ? Israël facilite-t-il les activités des organisations d’aide humanitaire ? Qu’en est-il de ce point ?
A titre d’exemple, le 24 mars, 103 camions humanitaires ont été inspectés et transférés vers la bande de Gaza. Malheureusement, seuls 28 d’entre eux ont été distribués à Gaza par les agences humanitaires de l’ONU. Les agences humanitaires n’ont pas pu distribuer les vivres. 24 camions ont été transférés via la Jordanie. 22 par le secteur privé, 88 colis ont été largués par avion à l’aide de parachutes. Quatre camions-citernes de gaz de cuisine et trois camions-citernes de carburant destinés aux infrastructures essentielles sont entrés dans la bande de Gaza. 21 grandes boulangeries étaient opérationnelles à Gaza fournissait plus de deux millions de pain.
Notre guerre est contre le Hamas et non contre le peuple palestinien. Malheureusement, en temps de guerre, il n’est pas toujours facile de répondre à tous les besoins des populations.
Le 1er avril, un accident s’est produit au cours duquel des travailleurs humanitaires ont été tués. C’est quelque chose que nous regrettons tous beaucoup. C’est quelque chose que nous regrettons. Nous ne voulons pas que des innocents soient tués pendant la guerre.
D’après nos recherches, bien de rapports d’associations révèlent des violences sexuelles dans le conflit. C’est du côté d’Israël ou du Hamas ?
C’est quelque chose d’extrêmement difficile. Le 7 octobre, jour de l’attaque, il y avait un festival de musique là-bas. Des centaines de personnes s’y rassemblaient donc pour célébrer la paix et la musique et simplement passer un bon moment.
Lorsque les combattants du Hamas traquaient les gens, ils ont capturé les femmes et ont commis des actes atroces de viol sur ces femmes. Nous ne savons même pas combien, car après avoir violé les femmes, ils les ont tuées. Nous avons des témoignages oculaires. Des personnes qui se cachaient et qui ont vu lorsqu’une jeune femme passait d’un violeur à un autre.
Les femmes israéliennes qui, au fil des années, se sont toujours jointes aux organisations de femmes dans la lutte contre d’autres cas d’abus sexuels et de discrimination et ont travaillé avec d’autres organisations de femmes à travers le monde, s’attendaient à ce que leurs sœurs montrent à la compassion en dénonçant le Hamas pour ces cas de violence sexuelle et malheureusement il y a eu du silence. Il a fallu deux mois à l’ONU Femmes pour publier une déclaration très vague et peu favorable à la défense des femmes israéliennes qui ont subi des actes aussi atroces.
Quid du rapport de l’association israélienne des centres d’aide aux victimes de viol…
L’organisation israélienne a publié en janvier un rapport qui détaille une grande partie de ce qui s’est passé. Il ne s’agit pas de n’importe quelle sorte d’actes criminel : il s’agit de crimes contre l’humanité tels que définis par la Convention de Genève, tels que définis par d’autres conventions. En raison de cette manière systématique dont ils ont été exécutés. Certains des terroristes capturés ont avoué avoir reçu l’ordre d’entrer et de violer les femmes et de les mutiler.
C’est après ce rapport que la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies sur les violences sexuelles est venue en Israël pour deux semaines. Avec son équipe, elle a étudié ces villes et a publié un rapport assez complet qui faisait partie du rapport officiel du Secrétaire Général sur les violences sexuelles dans le monde.
Vous disiez que le Hamas utilise les écoles de l’UNRWA pour combattre Israël. Comment est-ce possible ?
L’UNRWA est une organisation des Nations Unies créée après la création de l’État d’Israël afin de prendre en charge les réfugiés palestiniens. Le HCR prend très bien soin des réfugiés dans le monde entier et fait un travail formidable. La seule population réfugiée au monde qui dispose de sa propre agence des Nations Unies est la population palestinienne. Ailleurs dans le monde, le HCR aident les refugiés à s’installer dans un nouveau pays, à trouver un emploi, à trouver un logement afin que des gens sortent du statut de réfugié.
La seule population de réfugiés qui est passée au fil des années de plusieurs centaines de milliers à plusieurs millions est la population de réfugiés palestiniens parce qu’elle dispose de cette agence qui n’est là que pour les aider à grandir. Du coup, les palestiniens nourrissent l’espoir qu’un jour Israël disparaîtra comme par magie et qu’ils vont pouvoir reprendre Israël.
L’UNRWA a été repris par le Hamas, nous le savons. Nous savons que plusieurs des terroristes qui ont attaqué Israël le 7 octobre sont des employés de l’UNRWA. Un grand nombre d’employés de l’UNRWA sont palestiniens et plusieurs d’entre eux sont des partisans du Hamas et des terroristes. Ils utilisent les écoles pour s’y cacher, pour installer leur quartier général. Ils utilisent les installations de l’UNRWA pour se cacher. Ils utilisent les écoles pour endoctriner les jeunes aux enfants contre Israël.
Tout ce que nous pouvons dire, c’est que les pays qui ont soutenu l’UNRWA avec de l’argent cesseraient en fait de fournir de l’argent, y compris le Togo.
Quand allez-vous mettre fin à cette guerre qui fait trop de victime ?
Quand le Hamas va libérer les otages. Il y a encore 134 otages détenus par le Hamas. Lorsqu’ils le feront et lorsqu’ils se rendront, la guerre s’arrêtera automatiquement. Depuis plus de six mois déjà, ces personnes doivent être libérées. Il y a deux jeunes enfants, dont un bébé.
Rony Yedidia-Clein fixe le cap de la guerre
Il y a 19 femmes qui subissent encore quotidiennement des viols et des abus sexuels. Il y a des personnes âgées, il y a des survivants de la Shoah. Les personnes âgées qui ont besoin de leurs médicaments, nous leur avons envoyé des médicaments via la Croix-Rouge qu’ils n’ont pas reçus. La Croix-Rouge n’a même pas vu ces otages. Dès que les 134 otages sont libérés et que le Hamas accepte d’abandonner, la guerre sera finie.
Des pays comme l’Afrique du Sud portent cette affaire devant les tribunaux internationaux. Comment Israël apprécie-t-il cela ?
L’Afrique du Sud, qui a subi de si horribles atrocités dans le cadre de l’apartheid, devrait considérer Israël comme un pays qui a toujours tendu la main à ses voisins arabes. Qui n’a aucune envie de régner sur un autre peuple. Nous avons des Israéliens arabes qui siègent à la Cour suprême, qui vivent, travaillent, jouent et étudient avec des Israéliens juifs. Il n’y a aucune différence si vous allez dans une université, vous verrez autant de femmes portant le voile. Si vous entrez au ministère des Affaires étrangères, nous avons des Arabes qui servent en tant que diplomates.
Si l’Afrique du Sud parle de génocide, c’est juste une manipulation très cynique de la Cour internationale de Justice. Ils sont à nouveau soutenus par l’Iran. Je ne sais pas quelle est exactement la relation entre l’Iran et l’Afrique du Sud. Mais je suis sûr que l’Iran soutient ce projet et le finance. L’Afrique du Sud n’a pas d’argent pour fournir de l’électricité à sa population pendant une semaine, 24 heures sur 24. Mais ils ont de l’argent pour aller présenter ce dossier inutile et cynique devant la Cour internationale de Justice. Ils devraient avoir honte d’eux-mêmes.
Parlons maintenant de la relation entre Israël et le Togo. Comment vont les choses ?
Nos relations sont très amicales. Nous avons reçu beaucoup de soutien de la part du président et du ministre des Affaires étrangères. Je suis en contact permanent avec le ministre des Affaires étrangères depuis le 7 octobre 2023.
Ils nous ont énormément aidés à atteindre notre objectif au sein de l’Union africaine alors que l’Afrique du Sud essayait de nous empêcher d’obtenir notre statut d’observateur. Je suis ici maintenant pour renforcer cette relation afin de travailler avec le gouvernement togolais dans certains domaines avec Israël. Nous voulons faire des affaires ici. Nous voulons que les entreprises togolaises viennent en Israël et fassent des affaires en Israël. Des hommes d’affaires israéliens apportent des produits israéliens dans un magasin ici et les vendent. Nous voulons promouvoir davantage d’affaires entre nos pays. Les relations sont donc très bonnes et j’espère qu’elles progresseront encore davantage.
Nous savons qu’Israël a une certaine expérience dans les domaines de l’agriculture, de l’eau et de la santé. Comment pouvez-vous aider le Togo à faire face à ces défis ?
Nous avons MASHAV qui est la branche de développement international du ministère des Affaires étrangères d’Israël. C’est une agence d’aide internationale qui amène tous les étudiants en Israël pour étudier l’agriculture en alternance. Nous avons 50 étudiants togolais qui partent chaque année étudier en Israël. C’est un merveilleux programme. Nous faisons également d’autres programmes où nous proposons des cours aux fonctionnaires togolais ; ce que nous appelons la formation des formateurs afin d’apporter le Savoir-faire et technologie israéliens au Togo.
Vous parlez de la guerre. Le Togo a été attaqué dans sa partie nord par des organisations terroristes et a besoin d’aide pour les combattre. Aidez-vous le gouvernement togolais dans ce sens ?
Certaines de nos entreprises privées dans le domaine de la sécurité travaillent ici. Un de nos compatriotes qui travaillait ici est retourné en Israël et le 7 octobre, il a malheureusement été tué. Nous aidons les services de sécurité togolais à lutter contre le terrorisme au Nord et il existe d’autres sociétés et d’autres manières par lesquelles les sociétés de sécurité israéliennes travaillent avec le gouvernement togolais.
Merci Madame Rony Yedidia-Clein pour votre disponibilité
C’est plutôt moi qui vous remercie pour cette opportunité que vous m’offrez de pouvoir clarifier un certain nombre de choses au sujet de cette guerre en cours.
Interview réalisée par Didier ASSOGBA
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