Prof Kako Nubukpo a publié en octobre dernier un nouvel ouvrage intitulé ‘’Dans L’Afrique et le Reste du monde. De la dépendance à la souveraineté’’. Dans ce livre de 208 pages, l’ancien ministre togolais de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques prévient que la croissance « vertigineuse » de la jeunesse africaine est un danger pour les régimes politiques. Il invite à travailler pour retenir les jeunes dans leur pays d’origine en vue de créer de la richesse.
La jeunesse africaine : une bombe à retardement ?
Prof Nubukpo part d’un constat. La volonté de contenir la menace djihadiste mieux que ne l’aient fait jusqu’alors les présidents civils a motivé la prise du pouvoir par des militaires, plus conscients car en première ligne de la gravité de la situation sur terrain.
Il parle d’une succession d’alternances non démocratiques en Afrique de l’Ouest dont les auteurs sont des jeunes militaires qui prennent la revanche par procuration sur des régimes qui ne se sont pas préoccupés de leur avenir. Cette réalité traduit l’échec cuisant des élites urbaines à créer la prospérité plus de 60 ans après les indépendances.
Dans un entretien qu’il a accordé au journal « Le Monde », l’économiste et homme politique togolais alerte qu’à l’avenir il y a aura une déflagration, pour la simple raison qu’au stade actuel, les Etats africains n’arrivent pas à créer une adéquation entre l’emploi et la formation dispensée dans les universités.
Le cas de l’Université de Lomé notamment à la faculté des sciences économiques et de gestion de Lomé, où il y a 20 professeurs pour 20 000 étudiants en est révélateur. Là-bas, par exemple, les enseignants ont conscience qu’il n’est pas possible de bien les former.
Mais ces étudiants sortiront pourtant de l’université avec un diplôme et ils iront grossir le flot des chômeurs urbains avec beaucoup de rancœur, car faire des études a fait naître chez eux d’autres attentes. Il existe des exemples comme celui-ci partout en Afrique.
« La population africaine va doubler d’ici à 2050. Il s’agit d’un bouleversement considérable. Cette réalité va faire chuter tous les régimes que l’on dit forts et qui sont en réalité extrêmement fragiles du fait de ce poids croissant de la jeunesse africaine. Car en face, il n’y a rien : pas d’emplois, pas de perspective, pas de discours politique mobilisateur autre que le discours anti-Occident qui prospère au Sahel. Comment ces espaces ne pourraient-ils pas finir par imploser ? », a argumenté Prof Kako Nubukpo.
Les approches de Kako Nubukpo pour retenir les jeunes en Afrique
Dans un autre registre, le doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’université de Lomé démontre la nécessité pour l’Afrique de mettre en place un « protectionnisme écologique ».
« Il faut protéger les marchés pour que les jeunes Africains puissent rester vivre en Afrique et transformer localement les matières premières. Nous savons que c’est la seule façon de créer de la richesse et de l’emploi », a –t-il recommandé.
Favorable au multilatéralisme, Prof Kako Nubukpo défend pour l’Afrique un juste échange, un protectionnisme écologique, tout en estimant que les néolibéraux ne sont pas intellectuellement honnêtes.
Selon lui, le système néolibéral qui a été imposé à l’Afrique repose sur deux principes de base. Le premier est la flexibilité des prix grâce à la concurrence, or les économies africaines sont dominées par des monopoles qui maintiennent des prix supérieurs à ceux attendus d’une concurrence pure et parfaite. Le deuxième principe est celui de la mobilité des facteurs de production : capital et travail. Le capital fait plusieurs fois le tour de la planète en une journée, mais le travail est bloqué par les visas.
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