Le week-end dernier à Ouagadougou, le drapeau de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) a été officiellement hissé, symbolisant une nouvelle ère pour les trois membres fondateurs — le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Cet acte, lourd de symboles, marque l’anniversaire du retrait collectif de ces nations de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Il témoigne de leur volonté de forger une alliance indépendante et tournée vers leurs propres aspirations.
Le drapeau, la vision commune
Le drapeau de l’Alliance des États du Sahel, désormais visible dans les institutions officielles de Ouagadougou, remplace définitivement celui de la Cédéao. Lors de la cérémonie, Jean-Marie Traoré, ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, a rappelé que l’AES n’était pas un rejet de leur identité ouest-africaine, mais une réponse à ce qu’il a qualifié de « trahison des aspirations populaires » par la Cédéao.
« L’AES incarne notre volonté de construire une coopération fondée sur la souveraineté, la solidarité et le respect des aspirations de nos peuples. Nous restons profondément attachés à l’Afrique de l’Ouest, mais sur des bases qui répondent à nos réalités et non aux diktats externes », a-t-il déclaré.
Il y a un an jour pour jour, le 28 janvier 2024, les trois pays annonçaient leur retrait de la Cédéao, accusant l’organisation de servir de relais aux intérêts occidentaux, notamment ceux de la France. Cette décision faisait suite aux tensions croissantes entre les gouvernements de transition au Sahel et la Cédéao, qui avait imposé des sanctions économiques et politiques après les coups d’État successifs à Bamako, Ouagadougou et Niamey.
Ce départ collectif a été perçu comme un tournant dans la géopolitique régionale, les trois pays cherchant à bâtir un espace de coopération affranchi des influences étrangères et aligné sur leurs priorités sécuritaires et économiques.
Un passeport commun pour renforcer l’intégration
Lors de la cérémonie, l’AES a annoncé l’introduction d’un passeport commun, disponible dès le 29 janvier. Ce document, symbolisant une intégration accrue, vise à faciliter la libre circulation des citoyens entre les trois pays. Une initiative saluée par les populations locales, qui espèrent que cette mesure renforcera les échanges commerciaux et culturels dans la région.
Si l’unité affichée par l’AES est forte, les défis auxquels cette alliance fait face restent immenses. La lutte contre le terrorisme demeure une priorité, les groupes armés continuant de déstabiliser les régions frontalières. Sur le plan économique, les trois pays, largement dépendants de l’agriculture et des matières premières, doivent faire face à l’impact des sanctions internationales et à une réduction de l’aide au développement.
En réaffirmant leur autonomie et en consolidant leur coopération, le Burkina Faso, le Mali et le Niger cherchent à démontrer qu’ils peuvent tracer leur propre voie dans un contexte de pressions internationales et de bouleversements régionaux.
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