Dans un contexte marqué par une recomposition des alliances régionales et une intensification des coopérations intra-africaines, la Côte d’Ivoire poursuit le déploiement stratégique de sa diplomatie. Le 10 février dernier, Félix Assielou Tanon, nouvel ambassadeur ivoirien, a remis la copie figurée de ses lettres de créance au ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, lors d’une audience à Lomé.
Désigné depuis mai 2024, Félix Assielou Tanon est basé à Accra, au Ghana. Cela qui illustre une pratique diplomatique répandue en Afrique de l’Ouest, où plusieurs États optent pour des représentations diplomatiques régionales, couvrant plusieurs pays depuis une même chancellerie. L’arrivée au Togo du nouvel ambassadeur ivoirien marque cependant une volonté d’intensifier les échanges entre Abidjan et Lomé, dans un contexte où la CEDEAO traverse une période de turbulences géopolitiques, notamment avec le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
Un partenariat ancien et stratégique
Les relations entre la Côte d’Ivoire et le Togo s’inscrivent dans une logique de continuité et de pragmatisme, façonnée par des intérêts économiques et des convergences diplomatiques. Historiquement, les deux pays entretiennent des liens économiques étroits, renforcés par des échanges commerciaux dynamiques et des projets d’infrastructures régionales, notamment dans le domaine du transport et du transit de marchandises.
Sur le plan diplomatique, les présidents Faure Gnassingbé et Alassane Ouattara ont toujours affiché une proximité stratégique, partageant une vision commune d’une CEDEAO tournée vers l’intégration économique et la stabilité régionale.
Un ambassadeur ivoirien dans un contexte régional sous tension
La nomination de Félix Assielou Tanon intervient à un moment où l’Afrique de l’Ouest est confrontée à une reconfiguration géopolitique majeure. L’émergence de l’Alliance des États du Sahel (AES), en rupture avec la CEDEAO, bouleverse les équilibres régionaux et incite certains États, à l’instar du Togo et de la Côte d’Ivoire, à renforcer leurs alliances bilatérales pour préserver la stabilité économique et politique de la sous-région.
En outre, cette nomination pourrait s’inscrire dans une dynamique de renforcement du dialogue sécuritaire, dans un contexte où la menace jihadiste pèse sur les frontières nord des deux pays. La Côte d’Ivoire, déjà confrontée à des incursions terroristes dans sa région septentrionale, pourrait intensifier la coopération avec Lomé en matière de renseignement et de lutte contre les groupes armés.
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