L’information a fait le tour du web toute la semaine passée. L’avant-dernier numéro du journal Jeune Afrique avait été saisi à l’aéroport de Lomé. Longtemps une rumeur, elle vient d’être confirmée par les responsables de ce média panafricain qui dénoncent l’agissement de « censeurs paresseux et expéditifs ».
Dans un éditorial diffusé ce lundi, le Directeur de la Rédaction de Jeune Afrique, François Soudan a manifesté l’étonnement de l’organe quant à la saisie de l’avant-dernier numéro du magazine juste après son dédouanement à l’aéroport Gnassingbé Eyadèma de Lomé.
Apparemment, il est reproché au journal d’avoir pris parti et d’avoir mis à sa manchette une image compromettante du Président togolais, Faure Gnassingbé. Pour François Soudan, l’image est réelle.
« Il (Faure Gnassingbé) est en tenue de campagne, chemise et col ouvert, comme n’importe quel candidat. Ses deux mains sont jointes, paume contre paume, dans une posture de réflexion. Cette photo, au-dessus d’une autre représentant une mêlée de manifestants anonymes qui agitent des petits drapeaux togolais, les deux séparées par le titre « Avis de tempête », figure en couverture de l’édition Afrique subsaharienne du dernier numéro de JA. Si le contenu est le même, les unes de notre hebdomadaire varient en effet en fonction des zones géographiques de distribution », a-t-il écrit.
Le directeur de la rédaction de JA s’étonne de la fausse interprétation et de l’excès de zèle de certains responsables du Togo.
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« Si le chef de l’État lui-même, que l’on sait subtil et qui en a vu d’autres, se tient à l’écart d’un débat qui n’est pas de son niveau, l’entourage, lui, crie au complot. Le portrait du président ? « Il a l’air fatigué : c’est exprès ». Les mains jointes ? « Il semble prier, pis, s’excuser : c’est inadmissible ». La métaphore météorologique du titre ? « Volontairement alarmiste : insupportable ». Le résultat ne se fait pas attendre. À leur arrivée à l’aéroport de Lomé-Tokoin le 18 septembre, la totalité des exemplaires de JA sont saisis par la douane, comme au bon vieux temps des partis uniques », relate le responsable de Jeune Afrique qui dit ignorer d’où est venu l’ordre.
Et alors même que les frais de dédouanement aient du journal aient été empochés par l’Office togolais des recettes (OTR), le distributeur du journal a été tout simplement envoyé sur les roses.
« Est-il besoin de préciser que nul n’a songé à lire le reportage – modèle d’équilibre – correspondant à la couverture incriminée, encore moins les interviews de responsables gouvernementaux sur notre déclinaison numérique ? », indique le patron de la rédaction de Jeune Afrique qui accuse des censeurs « aussi paresseux qu’expéditifs » qui n’ont pas pris le temps de lire le dossier avant de décider.
Mais à la Présidence togolaise, on indique qu’aucun ordre d’interdiction de Jeune Afrique n’a été donné. Là-bas, on parle d’un « article plutôt bien et pas du tout contre le régime ».