Le meeting d’information et de contestation des organisations de la société civile (OSC) prévu le week-end dernier n’a pas eu lieu. Une fois encore, la manifestation a été interdite par le préfet du Golfe, Kossi Dzinyefa Atabuh pour défaut de base juridique régulière des organisateurs. Les organisateurs entendent attaquer la décision du Commissaire Divisionnaire de Police notamment par une saisine de la Chambre administrative de la Cour suprême.
Pour prononcer la nouvelle interdiction du meeting de la société civile, le préfet du Golfe relève que la Coalition Lidaw, le Front Citoyen Togo Debout et autres associations énumérées sur la liste des organisateurs de la manifestation des OSC n’ont de base légale.
« Nous tenons à vous rappeler que les associations Coalition Law, Front Citoyen Togo Debout et d’autres énumérées dans votre communiqué ne disposent pas de base juridique régulière. Par conséquent, l’appel à votre manifestation prévue pour ce 15 avril 2023 ne saurait être accepté », a notifié le préfet du Golfe aux organisateurs.
Les OSC contre la démarche du préfet
La lettre du préfet a été envoyée à la veille de la manifestation. Pour le Professeur David Dosseh, il s’agit-là d’une violation de la loi sur les manifestations publiques en vigueur au Togo. Ce dernier fait remarquer que les textes exigent de l’autorité d’envoyer la réponse à la déclaration des manifestations 72 heures avant.
« Nous pensons faire un recours auprès de la Chambre administrative afin que la justice puisse quand-même nous donner une réponse claire sur les arguments que le préfet présente pour empêcher nos manifestations, nos meetings en décidant, par exemple, de nous envoyer sa réponse à quelques heures de la manifestation, alors que la loi dit clairement qu’il faut qu’il envoie sa réponse 72 heures avant, pour nous donner le temps de réagir », a annoncé le porte-parole de Front Citoyen Togo Debout.
Par le meeting d’information et de contestation, des OSC entendent dénoncer la gestion du Fonds de solidarité et de riposte contre la Covid-19. Elle a été initialement prévue pour le 1er avril mais interdite par le préfet de Golfe pour « irrégularités » dans le rapport de la Cour des comptes.
Surprise totale
La nouvelle interdiction a surpris les organisateurs qui pensaient avoir pris en compte toutes les observations de l’autorité.
« On est particulièrement choqués par le ridicule des arguments avancés par le préfet. En ce qui concerne la première interdiction, justement, le préfet avait exigé trois signatures, alors que la loi sur les manifestations n’a jamais parlé de cela », a dénoncé Prof David Dosseh au micro de RFI.
Prof Dosseh note que la position du préfet du Golfe est la démonstration que le pouvoir de Lomé met tout en œuvre pour empêcher le débat citoyen sur la question fondamentale des malversations, mises en évidence dans le rapport d’audit de la Cour des comptes.