Amnesty International appelle les autorités togolaises à lever l’interdiction des rassemblements de plus de 15 personnes. Une levée qui doit ainsi autoriser les manifestations publiques. Depuis deux ans, le gouvernement justifie le refus des demandes de manifestation par la pandémie de Covid19. Une justification qui ne tient plus « dès lors que les activités sportives, culturelles et sociales ont repris », affirme l’organisation.
Le 8 mars le gouvernement togolais s’est félicité qu’il n’y a « aucun malade du Covid-19 dans les centres de traitement ». Déjà le 22 février, les autorités ont décidé d’assouplir certaines mesures. Il s’agit notamment de la réouverture des lieux de culte et la reprise de toutes les activités sportives sur présentation d’une preuve de vaccination. Tenant ainsi compte de la « baisse du taux de contamination depuis le 1er février ».
« Le maintien des entraves aux manifestations sans aucune limite de temps, alors que des mesures moins restrictives touchent d’autres formes de rassemblements, démontre que cette mesure n’est plus aujourd’hui une restriction nécessaire et proportionnelle pour la protection de la santé publique », déclare Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
Pour ce dernier, « cette mesure compromet gravement le droit à la liberté de réunion pacifique ».
Amnesty International estime que dès lors qu’il est possible de reprendre les activités sportives, culturelles et sociales, il faut lever l’interdiction.
« Plus rien ne saurait justifier aujourd’hui le maintien des restrictions drastiques à la liberté de se rassembler, notamment pour des motifs politiques ou sociaux, si ce n’est une volonté délibérée d’entraver la liberté d’expression. Les autorités togolaises doivent lever cette interdiction », martèle cette organisation de défense des droits de l’homme dans un communiqué.
Amnesty International et la liberté d’expression
On se souvient que le 16 mars 2020, les autorités togolaises ont décidé d’interdire tout rassemblement de plus de 100 personnes pour un mois. Cette mesure sera durcie le 3 juillet 2020 par l’adoption d’une ordonnance interdisant tout rassemblement autre que professionnel de plus de 15 personnes sur la voie publique ou dans un lieu public.
De plus, un état d’urgence est en vigueur jusqu’en septembre 2022. Une disposition reconduit déjà à 2 reprises par l’Assemblée nationale.
Amnesty International fustige un « contexte plus général de restriction de la liberté d’expression ». L’organisation évoque l’emprisonnement de Ferdinand Ayité et de Joël Egah (deux journalistes) et de Fovi Katakou en décembre 2021 pour avoir tenu des propos critiques envers les autorités ou des ministres en fonction.
Par ailleurs, elle rappelle les nombreux « sanctions administratives contre des journaux critiques envers le pouvoir ou certains de ses représentants » durant l’année 2021.