Les togolais se sont souvenus lundi du soulèvement populaire du 5 octobre 1990. Un évènement qui a donné le ton au processus de démocratisation dans lequel le pays se trouve depuis. Trente ans après ce soulèvement et à l’heure du bilan, l’un des acteurs clés de ce soulèvement exprime son regret. Depuis son exil européen, Tino Agbelenko Doglo déplore l’attitude de certains partis d’opposition qui empêche tout résultat au profit du peuple togolais.
S’exprimant il y a quelques jours sur son compte Facebook, l’opposant estime que « le multipartisme intégral dans une dictature implacable est un contre-sens historique ».
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« Un boulet de plus qui entrave la marche du peuple vers la liberté, balloté qu’il est entre des micro-leaderships antagonistes qui se neutralisent entre eux », a-t-il dit.
Analysant la situation politique actuelle et l’attitude de certains leaders de l’opposition consécutivement à l’issue de l’élection présidentielle du 22 février 2020 vis-à-vis de la Dynamique Mgr Kpodzro, Tino Doglo affirme que si les conditions étaient telles en 1990, le 5 octobre n’aurait pas été possible.
Partant, il propose des options qui ne seront pas du goût de certains présidents de partis politiques dits d’opposition.
« Je pense en toute honnêteté qu’à défaut de dissoudre les partis politiques pour assainir la base populaire, il faut activer un moratoire de 5 ans pour réunir et fusionner les forces dans un creuset populaire unique, comme ce fut le cas face au RPT au lendemain du 05 octobre 90 », propose-t-il avant de préciser : « Ce n’est pas juste de la bien-pensance mais une nécessité de plus en plus incontournable vu l’imbroglio du paysage actuel ».
Geler la pléthore de partis d’opposition
Pour cet acteur clé du soulèvement du 5 octobre 1990, il faut « geler » pendant un moratoire de 5 ans, renouvelable au besoin, la pléthore de partis politiques, afin de réorganiser la lutte.
Selon lui, la « barque de la démocratisation a perdu le cap et se trouve à la dérive ».
« Le leadership éclaté et trop faible mène désormais un combat latéral d’autodestruction et c’est peu dire que d’affirmer que beaucoup de « leaders » ont renoncé à l’objectif initial de changement démocratique pour celui de vivre désormais à l’ombre de la dictature dynastique des Gnassingbé. C’est juste une lecture réaliste du tableau à ce jour », se convainc-t-il.
Pour prouver ce qu’il dépeint, il précise que depuis 30 ans la lutte de chapelle l’emporte sur l’intérêt général. De ce fait, il propose à la classe politique de l’opposition de « s’arrêter pour remettre la charrue et ensuite les bœufs » afin de permettre à l’attelage de fonctionner de nouveau.
Tino Agbelenko Doglo précise que plus qu’un vœu, sa proposition reste une nécessité pour le salut de la lutte politique au Togo. Mais connaissant les opposants togolais, il sait déjà le sort qui sera réservé à sa réaction.
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