Macky Sall quittera la tête du Sénégal à l’issue de son 2e mandat. Le président Sénégalais a lui-même fait l’annonce lundi 03 juillet dans un discours à la nation. Une annonce qui a le mérite d’éviter au Sénégal, connu pour sa tradition démocratique, un nouveau bain de sang. Surtout que son rival de toujours, Ousmane Sonko avait appelé à une grande mobilisation en prélude à une déclaration de candidature.
Après des mois de tensions avec l’opposition sénégalaise autour d’une éventuelle candidature, Macky Sall a déclaré lundi qu’il ne briguera pas un troisième mandat. Une sortie qui met un terme au suspense entretenu depuis de nombreux mois.
« Ma décision, longuement et murement réfléchie, est de ne pas être candidat. Et cela, même si la Constitution m’en donne le droit », a lâché le chef de l’Etat dans un discours retransmis par la Télévision publique.
Cette décision de Macky Sall a le mérite d’éviter au Sénégal des jours sombres. Ces dernières semaines, le climat était très tendu autour de la question d’une nouvelle candidature du chef de l’Etat. Il avait combattu Abdoulaye Wade dans les mêmes circonstances.
Le fait d’avoir renoncé à être candidat permet d’éviter à ce pays de connaître de nouvelles manifestations soldées par un bain de sang.
Une annonce tardive de Macky Sall
Le sujet de Macky Sall est au centre des débats politiques au Sénégal depuis 2021. A l’époque déjà, Ousmane Sonko avait lancé la mobilisation contre le régime de M. Sall. Les ennuis judiciaires qui ont commencé à l’époque avaient été perçus comme des manigances de Macky Sall pour écarter un adversaire redoutable dans la course à un nouveau mandat.
Après les dernières élections législatives, les débats ont pris de l’ampleur. Les changements intervenus dans l’entourage présidentiel et certaines décisions prises par le chef de l’Etat sénégalais laissaient carrément croire à un stratagème pour briguer un nouveau mandat à la tête du pays.
Dès lors, l’on a enregistré plusieurs défections dans son parti politique. Notamment celle de l’ancienne Première ministre Aminata Touré. L’ancienne collaboratrice de Macky Sall avait clairement expliqué son retrait par son opposition à un 3e mandat. D’autres défections ont suivi.
Et le 1er juin dernier, la condamnation de Ousmane Sonko, dans l’affaire Sweety Beauty à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse, avait déclenché de violents affrontements dans le pays. Les émeutes ont fait officiellement 16 morts, 24 selon Amnesty International et une trentaine selon l’opposition. Peu importe le nombre, il s’agit des morts de trop.
Plusieurs sénégalais considéraient une telle peine comme une volonté d’écarter le plus en vue des oppositions, à même de succéder à Macky Sall.
Le chef de l’Etat sénégalais aurait pu éviter ces nombreuses morts s’il avait des mois plus tôt annoncé sa volonté de partir à la fin de son mandat. Ces morts ainsi que les nombreux dégâts matériels transparaissent comme des résultats du silence gardé pendant longtemps par Macky Sall.
M. Sall entretenait le flou sur sa candidature. Elu en 2012, grâce à des manifestations contre la candidature pour un troisième mandat de son prédécesseur, Abdoulaye Wade. Macky Sall a initié une révision de la Constitution en 2016, avant sa réélection en 2019. La loi fondamentale stipule que « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».
La question Sonko
La renonciation de Macky Sall à briguer un nouveau mandat à la tête du pays s’avère une solution à une partie du problème en cours au Sénégal. En effet, son principal opposant, Ousmane Sonko ne cesse de dénoncer un complot ourdi par le chef de l’Etat lui-même pour l’écarter de l’élection présidentielle de février 2024.
Le leader du PASTEF se trouve d’ailleurs bloqué à son domicile par les forces de défense et de sécurité depuis le 28 mai dernier. L’opposant parle de séquestration. Le 2 juillet dernier, M. Sonko a appelé les Sénégalais à sortir massivement les prochains jours, quelle que soit l’annonce du président.
« Nous devons sortir pour affronter le régime de Macky Sall et dire que ce ne sera pas à lui de choisir les candidats qui devront s’affronter pour la prochaine élection présidentielle », a-t-il dit.
Ousmane Sonko pense que le choix du chef de l’Etat de ne pas se présenter vise également à mieux l’éliminer. Et c’est dans cette configuration que l’on se trouve actuellement. Il est évident que les militants et sympathisants de Sonko ne vont pas laisser passer facilement l’affaire.
D’où de nouveaux risques à l’horizon pour le Sénégal.