La crise sociopolitique en cours au Sénégal, née de la décision de Macky Sall d’annuler le processus devant aboutir à l’élection présidentielle du 25 février, ne laisse personne indifférent. Après la CEDEAO, les anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade montent au créneau et interpellent Macky Sall.
C’est un appel pressant qu’ont lancé ces deux anciens présidents à la jeunesse du pays et aux acteurs politiques. En effet, es deux personnalités ont appelé les Sénégalais, particulièrement les jeunes à arrêter les manifestations et les acteurs politiques privilégier le dialogue.
Dans la même veine, les deux anciens présidents sénégalais ont invité le président actuel, Macky Sall à organiser, dans les plus brefs délais, le dialogue pour une large réconciliation nationale.
« C’est avec beaucoup de tristesse que nous vivons les récents événements qui secouent notre cher Sénégal et qui viennent d’emporter trois de nos jeunes compatriotes. Nous présentons nos plus sincères condoléances à leurs familles et à leurs proches », ont écrit Abdou Diouf et Abdoulaye.
Les deux anciens présidents se présentent comme des pères, avec Léopold Sédar Senghor, de la démocratie sénégalaise obtenue de haute lutte, « mais aussi anciens irréductibles adversaires politiques qui nous sommes vigoureusement opposés par le passé ».
« Nous avons su discuter et dialoguer dans l’intérêt du Sénégal pour mettre un terme à nos différends et aux crises politiques, et cela dans le seul but de préserver la paix et les vies. Vous n’avez pas le droit de faire moins que nous », affirment-ils.
Les présidents Diouf et Wade appellent la jeunesse « à arrêter immédiatement les violences et la destruction de biens », même s’ils comprennent leurs frustrations. Ils leur demandent également de prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs.
Préserver la démocratie sénégalaise
Par ailleurs, les deux personnalités révèlent avoir eu un long entretien téléphonique avec Macky Sall, qui a réaffirmé son engagement de ne pas briguer un troisième mandat et de quitter le pouvoir aussitôt après l’élection présidentielle.
« Il a pris l’engagement de ne ménager aucun effort pour préserver la stabilité du pays », écrivent-ils avant d’ajouter : « Nous lui avons demandé d’organiser dans les plus brefs délais le dialogue national qu’il a annoncé et qui, comme nous le souhaitons ardemment, devra déboucher sur une large réconciliation nationale dans le respect de la Constitution et de l’Etat de droit ».
Les présidents Diouf et Wade demandent donc à l’ensemble des dirigeants politiques, du pouvoir et de l’opposition, ainsi que les responsables de la société civile, de participer à des discussions franches et loyales, afin que la prochaine élection présidentielle du 15 décembre 2024 soit tenue dans des conditions parfaitement transparentes, inclusives et incontestables.
« Ils ont le devoir de garantir que notre Sénégal restera un modèle de démocratie pour l’Afrique. L’Histoire les jugera », ont-ils conclu.
Le Sénégal traverse une grave crise sociopolitique, marquée par de violentes manifestations publiques à Dakar et en région, depuis l’annonce par le chef de l’Etat de l’annulation de l’élection présidentielle censée se tenir le 25 février prochain. Un texte voté par l’Assemblée nationale, sous haute surveillance des forces de sécurité, a repoussé l’élection présidentielle au 15 décembre. Une loi qui permet au président actuel de rester au pouvoir 10 mois supplémentaires; ce qui ne passe pas au niveau de l’opposition et de la société civile du pays.
Des informations font état d’au moins trois (3) morts déjà enregistrés lors des différentes manifestations réprimées par les forces de sécurité sénégalaises. C’est alors qu’on annonce qu’une loi d’amnistie pourrait être votée dans les prochains jours pour favoriser la libération des prisonniers politiques dont Ousmane Sonko qui avait vu sa candidature à l’élection rejetée.