Détenue depuis le 03 mars 2021 et condamnée le 11 décembre dernier à 20 ans de prison pour « financement du terrorisme », Reckya Madougou peut espérer une libération. Le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies vient de réclamer sa remise en liberté.
L’avis des experts onusiens a été rendu le 2 novembre dernier. Selon eux, « la privation de liberté de Reckya Madougou est arbitraire ». Dans l’avis, les experts invite le gouvernement de Patrice Talon à « libérer immédiatement » l’ancienne ministre.
Le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies affirme que la détention de Reckya Madougou est dépourvue de base légale. Pour cet organisme, l’opposante été arrêtée sur instruction du procureur spécial près la Criet et sachant que « le gouvernement ne justifie pas pourquoi un juge d’instruction ne pouvait pas être saisi pour décerner un mandat d’amener ».
Mme Madougou s’était déclarée candidate à l’élection présidentielle d’avril 2021 face à Patrice Talon. Sa candidature a été ensuite rejetée par la Commission électorale pour faute d’un nombre suffisant de parrainages.
Elle sera ensuite arrêtée à l’issue d’un meeting tenu à Porto-Novo avec Joël AÏvo. Les experts onusiens affirment que le gouvernement béninois n’a fourni aucun procès-verbal de témoignages, d’échanges téléphoniques ou autre document à l’appui de ses déclarations quant à l’implication présumée de Reckya Madougou dans une entreprise de financement d’assassinats.
Présomption d’innocence de Reckya Madougou
Par ailleurs, le groupe de travail soutient en plus qu’en raison des propos tenus par Patrice Talon dans un entretien accordé à RFI le 30 avril 2021, ainsi que compte tenu de la rapidité de son procès, l’ancienne garde des sceaux « n’a pas bénéficié du droit à la présomption d’innocence ».
Reckya Madougou avait été condamnée à 20 ans de prison et 50 millions d’amende pour complicité d’acte terroriste. La Cour de la Répression des Infractions économiques et du terrorisme (CRIET) estimait que l’ancienne ministre de la justice agissait dans le but d’empêcher la tenue de la présidentielle 2021, à laquelle elle n’a pas pu participer, faute de parrainages bloqués par le régime de Patrice Talon au détriment des opposants.
Cette proche de l’ancien président Thomas Boni Yayi n’a jamais cessé de plaider non coupable lors de ce qu’elle considérait comme un procès politique.
La demande de libération faite par les experts de l’ONU vient s’ajouter aux appels maintes fois lancés par la France, les Etats-Unis, et des entités sociopolitiques du Bénin. Patrice Talon va-t-il fléchir cette fois ?