Le retrait annoncé des troupes françaises de Côte d’Ivoire, et plus précisément du 43e Bataillon de Marins (43e BIMa), fait l’objet d’un vif débat. Alors que Paris évoque une « réorientation » de sa présence militaire, la réalité semble plus complexe. En effet, le général Pascal Lanni, commandant des forces françaises en Afrique, a récemment confirmé que le camp du 43e BIMa serait progressivement transféré sous contrôle ivoirien. Cependant, cette annonce cache des nuances importantes qui soulèvent des questions sur les véritables intentions de la France.
Un retrait… ou une nouvelle forme de présence ?
Malgré les déclarations concernant le transfert du contrôle de la base de Port-Bouët à Abidjan, la France prévoit d’installer des centres de formation et de communication pour les forces armées ivoiriennes. Des exercices militaires conjoints sont également programmés, renforçant ainsi la coopération bilatérale. Ce partenariat, présenté comme une alternative au déploiement de troupes françaises, montre que Paris cherche à maintenir son influence sous d’autres formes. À cet égard, les manœuvres militaires récentes, comme celles qui se sont tenues à Bouaké en septembre 2024, illustrent cette nouvelle dynamique.
Des objectifs militaires remis en cause
L’annonce du retrait des troupes françaises en Côte d’Ivoire intervient alors que le contexte sécuritaire ivoirien n’est pas aussi préoccupant que dans d’autres pays de la région comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso. En effet, dans ces États du Sahel, les résultats des interventions militaires françaises ont été largement critiqués, notamment après leur expulsion. Ces échecs militaires posent des questions sur l’utilité réelle de la présence française en Côte d’Ivoire, un pays relativement stable sur le plan sécuritaire.
Un parallèle avec la réforme de la monnaie « ECO »
Ce scénario n’est pas sans rappeler la réforme monétaire initiée par Paris en 2019, lorsque la CEDEAO avait annoncé une transformation du Franc CFA en ECO. Bien que ce changement ait été présenté comme une rupture avec le passé néocolonial, la réalité est que peu de choses ont changé. Le contrôle de la monnaie par la France est resté plus ou moins intact, et cette réforme n’a fait que rebaptiser le Franc CFA sans altérer son lien étroit avec l’euro. De la même manière, l’annonce du « retrait » des troupes françaises pourrait n’être qu’un écran de fumée : une opération cosmétique pour rassurer, sans véritable changement de fond.
Le spectre de la néocolonialisme
En Côte d’Ivoire, comme dans d’autres pays africains, la présence militaire étrangère est de plus en plus perçue comme une atteinte à la souveraineté nationale. Les populations africaines expriment leur rejet de cette dépendance aux puissances occidentales. La France, en maintenant des dispositifs militaires ou en engageant des formations militaires, continue d’exercer une influence sur les affaires locales. Ces décisions soulèvent des interrogations sur la sincérité de Paris dans sa volonté de laisser les pays africains gérer eux-mêmes leurs défis sécuritaires.
Un faux retrait ?
L’annonce du retrait des troupes françaises de Côte d’Ivoire apparaît donc comme une déclaration symbolique, sans réel impact sur la présence de la France dans la région. Derrière le discours officiel, les faits montrent que Paris réoriente simplement ses moyens d’action. Le renforcement de la coopération militaire et la création de centres de formation témoignent d’une volonté de continuer à exercer une influence significative.
En somme, ce retrait partiel pourrait bien être perçu comme une manœuvre politique visant à apaiser les tensions sans mettre fin à la réalité d’une présence militaire française en Afrique. Les populations locales, de plus en plus critiques, réclament un véritable changement, loin des schémas néocoloniaux.
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