Le Patronat de la Presse Togolaise (PPT) alerte sur un projet de musèlement programmé de la presse critique au Togo. En conférence de presse lundi à Lomé, l’organisation a démontré que l’année 2021 a été la plus sombre de l’ère démocratique au Togo en termes de liberté de presse. Face à la suspension des journaux, le retrait de récépissé, l’arrestation de journalistes, mise sur écoute et espionnage des journalistes notamment au moyen du logiciel Pegasus, le PPT appelle à une mobilisation générale pour la défense de la liberté de presse au Togo.
D’abord le PPT revient sur l’emprisonnement des journalistes Ferdinand Ayité et Joël Egah en fin d’année pour des délits de presse. Un feuilleton qui aura prouvé que la dépénalisation du délit de presse est de l’histoire ancienne, selon l’organisation qui n’oublie pas les autres péripéties rencontrées par des journalistes durant l’année 2021.
Retrait du récépissé à l’hebdomadaire « L’Indépendant express » dans l’affaire « Scoop de fin d’année : Femmes ministres interpellées pour vol de cuillères dorées », arrestation de 3 journalistes dans les locaux de la Préfecture du Golfe pour avoir interviewé un Chef de quartier de Lomé à la sortie d’une audience avec le Préfet d’alors, suspension du Bihebdomadaire « L’Alternative » de 4 mois de parutions dans l’affaire du ministre TSOLENYANU, révélation d’espionnage des journalistes togolais (Ferdinand AYITE, Carlos KETOHOU et Luc ABAKI) au moyen du logiciel Pegasus. Autant d’éléments qui font dire au PPT que l’année 2021 a été marquée par des événements et décisions qui mettent à mal l’exercice du métier de journaliste au Togo.
Ailleurs, le Patronat estime que le nouveau Code de la presse et de la communication qui intègre désormais la régulation de la Presse en ligne, comporte des dispositions aux antipodes de la dépénalisation des délits de presse. Il déplore notamment l’article 3, alinéa 2, et les articles 5 et 156.
« A l’ère du numérique, nous estimons que les blogs et les réseaux sociaux constituent non seulement des outils de communication pour les journalistes mais aussi des extensions pour les médias traditionnels (Presse écrite, radio et télévision). Les exclure du champ d’application du Code de la presse et de la communication fera des professionnels des médias togolais, des journalistes de seconde zone », a argumenté le PPT au sujet de l’article 3.
Mobilisation générale selon le PPT
Face à la situation, le PPT lance un appel à la mobilisation de tous les professionnels des médias de toutes les Organisations professionnelles de la presse, tant du public que du privé pour l’abrogation de l’alinéa 2 de l’article 3, l’article 5 relatif à la presse en ligne et l’article 156 du Code de la presse et de la communication du 07 Janvier 2020.
L’organisation que préside Isidore Akolor exige aussi l’allègement des lourdes peines d’amende du nouveau Code de la presse et de la communication pour les arrimer aux dispositions de l’ancien Code de la presse et de la communication ; et l’adoption du décret d’application de la Convention de Florence et du protocole de Nairobi, ratifiés par le Togo depuis le 16 Novembre 2009.
Pour le PPT, seul l’assainissement du cadre légal permettra l’ancrage de la liberté de presse et l’émergence d’une presse libre et responsable au Togo.