La lutte contre le terrorisme en Afrique de l’ouest et du Sahel ne saurait être efficace sans une approche plus cohérente et inclusive. Professeur Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères a rappelé cette évidence lundi dernier à Washington, lors de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale contre Daech. Le chef de la diplomatie togolaise a profité de l’occasion pour inviter les partenaires internationaux à inclure les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) dans la stratégie de lutte contre le terrorisme.
L’impératif d’une mobilisation globale
Pour le chef de la diplomatie togolaise, l’État Islamique représente un défi majeur pour la sécurité collective. L’engagement des membres de la Coalition mondiale contre Daech, créée en 2014, doit s’adapter aux réalités géopolitiques en mutation, notamment en Afrique de l’Ouest et au Sahel, où la menace djihadiste s’est renforcée.
« Le Togo, en rejoignant la Coalition en 2023, avait la conviction que l’action internationale concertée serait la meilleure voie pour contrer l’EI. Mais cette lutte ne peut être menée efficacement sans inclure des partenaires clés tels que le Mali, le Niger et le Burkina Faso, malgré les changements politiques qui y ont lieu », a souligné Robert Dussey.
Cette déclaration fait écho à une inquiétude grandissante : l’exclusion de ces États sahéliens, en raison de leurs ruptures récentes avec les puissances occidentales, pourrait compromettre toute tentative sérieuse de stabilisation de la région.
Le ministre togolais a déploré, sans ambages, « l’hypocrisie » de certains partenaires internationaux dans la lutte contre le terrorisme. Ces derniers, selon lui, semblent ignorer les complexités locales ou poursuivre des agendas géopolitiques détournant l’attention des véritables besoins sécuritaires. Cette attitude, aux yeux de Dussey, mine la légitimité de la lutte contre l’EI et alimente le scepticisme au sein des populations locales.
Dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest, « une partie non négligeable de la population est convaincue que les partenaires internationaux ne jouent pas franc jeu », a-t-il averti. En s’appuyant sur ces perceptions, il a appelé à un réajustement des stratégies internationales basées sur les principes de transparence, de précaution et de responsabilité.
Un appel à la cohérence dans la lutte contre le terrorisme
En évoquant les attaques terroristes récentes qui ont frappé la partie septentrionale du Togo, Robert Dussey a insisté sur la nécessité d’une plus grande cohérence dans les interventions internationales en Afrique. Le Togo, bien que membre de la Coalition depuis peu, continue de faire face à des incursions sporadiques de groupes djihadistes, illustrant ainsi les limites de l’approche actuelle.
« La lutte contre l’EI et le terrorisme dans la région sahélienne et en Afrique de l’Ouest ne peut réussir que si elle repose sur une stratégie transparente et concertée. Nous avons besoin d’un partenariat international plus honnête, où chaque acteur assume pleinement ses responsabilités », a martelé le ministre.
La Coalition mondiale contre Daech, initialement créée pour freiner l’expansion de l’EI en Irak et en Syrie, se trouve aujourd’hui face à des défis nouveaux, notamment en Afrique, où les groupes terroristes continuent de prospérer dans des zones de fragilité. Cependant, les recompositions géopolitiques et les rapports de force régionaux mettent à l’épreuve la solidarité affichée des membres de la coalition.
La situation des pays du Sahel, confrontés non seulement à la menace terroriste mais également à des crises politiques internes, complique la tâche. Exclure des États comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso, selon Robert Dussey, revient à affaiblir les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre l’extrémisme violent.
Pour un engagement international authentique
L’intervention du ministre togolais à Washington est un rappel nécessaire des contradictions qui minent la lutte internationale contre l’État Islamique. Si l’engagement de la communauté internationale reste indispensable, celui-ci doit impérativement être guidé par une volonté de dialogue inclusif et par des actions concrètes, cohérentes avec les réalités locales.
À l’heure où l’Afrique de l’Ouest et le Sahel sont en proie à une intensification des violences djihadistes, les appels à plus de transparence et de cohérence dans les stratégies internationales ne peuvent être ignorés. Le Togo, en première ligne de cette lutte, exige une réponse globale, juste et durable.
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