Dans une interview accordée cette semaine à l’hebdomadaire La Manchette, le président de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (OBUTS) est revenu sur la crise politique togolaise. Messan Agbéyomé Kodjo estime que la crise perdure à cause des erreurs stratégiques de l’opposition et du refus du pouvoir d’assumer sa part de responsabilité. M. Kodjo préconise un armistice et invite pouvoir et opposition à faire le deuil des considérations partisanes et à privilégier l’intérêt supérieur du Togo pour la réussite du dialogue.
Pour Agbéyomé Kodjo, la pratique politique de l’opposition est constamment faite des erreurs stratégiques qui l’éloignent inconsciemment des objectifs qu’elle préconise. L’acteur politique togolais notre que la lutte de l’opposition togolaise évoque le mythe de Sisyphe, un éternel recommencement.
« Comment se peut-il que des femmes et des hommes issus des rangs de l’opposition politique, qui prétendent être pourvus de savoir-faire politique, d’intelligence politique, et d’habilité politique soient condamnés à s’égarer à un éternel recommencement ? », questionne-t-il.
Pour le président d’OBUTS, la résolution de tout conflit requiert de chaque protagoniste de la méthode, une évaluation pragmatique des enjeux, une appréciation des problématiques négociables, la perception non rigide d’un dialogue, l’ouverture à un compromis aux idées qui s’affrontent, et le respect mutuel. Des règles qui transcendent les calculs partisans.
Faire preuve de radicalisme et d’ostracisme n’a jamais été une solution
Agbéyomé Kodjo estime que « Faire preuve de radicalisme et d’ostracisme n’a jamais été une solution dans la quête de la résolution définitive d’une crispation politique qui s’éternise et fait perdre le Togo ».
Relevant que les questions qui sous-tendent la crise actuelle auraient pu trouver leur réponse si l’opposition n’avait pas boycotté les élections de mars 1999 et d’octobre 2002, M. Kodjo regrette le fait que les députés de l’opposition n’aient pas pris la mesure de la teneur de la proposition formulées en 2014 s’agissant du premier projet de loi de portant révision constitutionnelle introduite par le Gouvernement.
« Aujourd’hui je pense que pour sortir de la persistance de la crispation politique dont les conséquences sont néfastes pour l’avenir du pays, l’ensemble de la classe politique doit s’engager dans la voie de l’armistice ; car le fait que chaque protagoniste refuse d’assumer sa part de responsabilité dans ce qui se joue dans le pays, plombe la dynamique de sortie de crise pacifique à même de préserver un meilleur vivre-ensemble et l’avenir des générations présente et à venir », préconise l’ancien Premier Ministre.
{loadmoduleid 210}
Faisant référence à la lutte menée en 2012 par le Collectif sauvons le Togo (CST) qui au finish n’a abouti à rien, Agbéyomé Kodjo adresse aux leaders de l’opposition que les mêmes causes produisent les mêmes effets ; sauf impondérables majeurs. De même, il les invite à identifier la cause des échecs répétés de l’opposition dans son combat pour l’alternance.
Un armistice avec le passé
Abordant le sujet du dialogue politique, le président d’OBUTS dit penser que le pouvoir en place n’est pas en mesure de conduire ce dialogue avec toute la sérénité nécessaire et toute l’impartialité requise pour emporter la confiance de tous. La raison selon lui est l’ampleur de la défiance entre les acteurs politiques.
« Il faut donc un sage, peut-on le trouver à l’intérieur de notre pays ? Je doute qu’un tel profil puisse recueillir l’adhésion de tous, ce qui me conduit naturellement à recommander le recours à une médiation internationale, si et seulement si le parlement n’est pas en mesure de s’entendre sur l’essentiel des réformes constitutionnelles souhaitées par le peuple », ajoute M. Kodjo.
L’ancien Premier ministre invite tous les acteurs politiques à faire le deuil des considérations partisanes et à faire preuve de pragmatisme en privilégiant l’intérêt supérieur de la Nation.
« Les Togolais doivent accepter de signer un armistice avec leur passé », dit-il déplorant par la même occasion la situation économique désastreuse du pays qui a déjà perdu des centaines de milliards de Fcfa.
Pour le docteur en économie, il est temps de savoir raison garder et trouver vite les portes de sortie de crise heureuse et pacifique afin de limiter au mieux les dégâts.
Quant aux prochaines échéances électorales, le président d’OBUTS note que sa formation politique se prépare avec méthode, espérant qu’elles se dérouleront dans la paix et la transparence pour favoriser l’œuvre de redressement national.