Si le Togo connait une accalmie depuis les élections législatives du 20 décembre 2018, la crise sociopolitique n’est pas pour autant résolue. Les réformes constitutionnelles et institutionnelles ne sont toujours pas faites et la crispation reste entière, même si l’on n’assiste plus aux actes de violences. L’ancien ministre de la Prospective et de l’évaluation des politiques publiques énumère les voies et moyens pour une résolution durable du problème togolais. Pour le Prof Kako Nubukpo, la majorité et l’opposition sont dans une erreur en n’appréhendant pas le problème dans son entièreté.
On le connaît très engagé dans le combat contre le franc CFA. Un engagement qui lui aurait coûté ses postes de ministre du Togo puis de Directeur de la Francophonie économique et numérique au niveau de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Mais Kako Nubukpo connaît également la situation politique et socio-économique de son pays le Togo.
Réagissant pour la première fois sur la situation sociopolitique que traverse le pays depuis août 2017, le Professeur des Universités estime que les réformes telles qu’exigées par l’opposition et pilotées actuellement par le pouvoir ne règleront pas le mal togolais.
« Le Togo ne pourra pas se construire avec un bloc contre l’autre. Aussi, les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales qu’exige l’opposition, ne semblent pas convenir à régler définitivement le mal togolais. Il faut aller au-delà », a-t-il proposé.
Celui était à la manette de l’élaboration de la « Vision Togo 2030 » va plus loin et indique que la majorité et l’opposition sont actuellement dans une erreur en décidant de faire des réformettes.
« L’erreur de la majorité et de l’opposition serait de ne prendre qu’un petit bout de la lorgnette et se dire qu’on va travailler là-dessus », a déclaré Kako Nubukpo au micro de Taxi FM.
L’ancien ministre affirme que pour régler au fond le problème togolais, il y a lieu de considérer 4 éléments ayant trait au Togolais lui-même, à la gouvernance du pays, aux réformes politiques et à l’économie du pays.
« 4 éléments sont fondamentaux sur lesquels on doit continuer à travailler : qui est le Togolais ? Quelles sont ses aspirations socio-culturelles ? Quelle est la gouvernance politique de notre pays ? Comment peut-on la rendre inclusive ? Comment peut-on faire de vraies réformes institutionnelles et constitutionnelles ? L’économie ? La modalité de production de richesse mais de répartition des richesses. Comment y travailler ? Comment gérer les problèmes de développement humain notamment la santé, l’éducation et le logement ? », dit-il.
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Revenant sur la gouvernance même du pays, l’ancien ministre indique qu’il est nécessaire que le Togo ait « des dirigeants qui ont à cœur le sens de l’intérêt général ».
D’un point de vue économique, le Prof Nubukpo préconise la sortie des pays de la zone franc, dont le Togo du franc CFA. Il soutient qu’à la place de cette devise qui maintient les pays en question dans la servitude volontaire, la monnaie CEDEAO sera une alternative intéressante.
Pour l’agrégé en sciences économiques, partager la même monnaie avec le Ghana et le Nigeria permettra au Togo d’intensifier les transactions économiques sur un marché de plus 300 millions d’habitants.
« Un investisseur togolais ne pensera pas à 7 millions de Togolais mais à 300 millions d’habitants que compte la CEDEAO. Cela va donner des perspectives en termes de rentabilité, de profits beaucoup plus importants que ce qu’on a avec nos micro-Etats francophones dont l’addition ne dépasse pas 170 millions d’habitants », a martelé le Prof Nubukpo.
Rappelons que depuis son départ du gouvernement, la Vision Togo 2030, dont l’élaboration a coûté d’énormes ressources financières à l’Etat togolais a été tout simplement enterrée. Le document avait été pourtant salué par plusieurs bords politiques ainsi que la majorité des partenaires du pays.