La gestion des ouvrages d’assainissement dans les milieux urbains au Togo et particulièrement dans la ville de Lomé et de ses environs est devenue un casse-tête pour les autorités. Le gouvernement et ses partenaires s’évertuent pour améliorer le cadre de vie des populations dans le cadre de plusieurs projets dont le Projet d’urgence de réhabilitation des infrastructures et des services électriques (PURISE) et le Projet d’Aménagement Urbain du Togo, Phase 1 et 2. Mais les comportements ont la peau dure et les efforts sont constamment mis à rudes épreuves par l’incivisme grandissant dans les différents quartiers. Et c’est l’environnement dans la ville de Lomé qui prend un sérieux coup avec les pollutions.
Le Togo connaît actuellement un vaste mouvement de développement avec la modernisation et la construction des infrastructures notamment dans la ville de Lomé et de ses environs. Les efforts des autorités sont appuyés par plusieurs projets financés par les partenaires au développement. L’un de ces projets est le PURISE. Financé à plus de 26 milliards de Fcfa, le PURISE a permis de construire une dizaine de collecteurs, de sous-collecteurs, des caniveaux et des bassins de rétention d’eau à Auba, Agbalépédo et Klikamé. On retient également les systèmes de drainage d’eau érigés à Adakpamé et Akodesséwa-Kponou contre l’inondation. Le PURISE a également permis de réaliser 75 postes de transformations qui fournissent l’électricité à plus de 12.000 riverains.
A ce projet, s’ajoute l’aménagement du 4ème lac de Lomé et les ouvrages d’assainissement des quartiers périphériques dans le cadre de la 2e Phase du Projet d’Aménagement Urbain du Togo (PAUT-II) financé par l’Union européenne. Il est attendu d’ici fin 2018 dans le cadre de ces travaux le décapage et le nettoyage d’une zone de 40 ha, la création d’un lac de 26 ha par dragage d’environ 800 000 m³ de sable lagunaire, la construction de 8 km de grands canaux de collecte des eaux pluviales et de décharge vers l’océan, la construction de 31 km de réseaux d’assainissement dans les quartiers périphériques qui seront également raccordés aux canaux de collecte.
Toutes ces réalisations donnent un nouveau visage à la capitale togolaise et ses environs. Elles ont permis d’améliorer le cadre de vie des citoyens qui « nageaient » autrefois dans l’eau pour cause d’inondations.
Mais le grand défi reste la gestion de ses infrastructures dans un contexte d’incivisme grandissant dans la ville de Lomé.
L’impact de l’incivisme sur la gestion des infrastructures
Les populations de la capitale togolaise se sont longtemps illustrées négativement en ce qui concerne la gestion des infrastructures. Il a été souvent constaté que les caniveaux construits à grands frais par l’Etat pour servir d’évacuation des eaux pluviales sont mal entretenus par les populations. Les caniveaux sont devenus des dépotoirs pour les loméens. Plusieurs déversent allègrement des ordures et des eaux usées dans les caniveaux sans aucune gêne et inquiétude. Dans plusieurs quartiers, les caniveaux sont devenus des puisards. Les eaux de toilette étant drainées vers les caniveaux.
Ces actes d’incivisme ont des conséquences sur l’environnement notamment des inondations. Avec des caniveaux bouchés par des déchets, les eaux pluviales n’arrivent plus circuler. Ce qui fait que plusieurs quartiers de Lomé nagent à chaque saison de pluie.
De plus, plusieurs personnes se donnent le plaisir de jeter les sachets plastiques et autres dans les rues sans tenir compte des appels à la prise de conscience.
Même les opérations de curage de ces caniveaux organisées régulièrement par la Maire de Lomé sous l’égide du gouvernement n’arrivent pas au bout du phénomène. 300 millions de francs CFA sont déboursés annuellement pour le curage des caniveaux, selon la Marie de Lomé. Mais cela se révèle souvent comme une perte d’argent.
En effet, à peine ces opérations finissent que d’autres ordures sont déversées dans les caniveaux provoquant les mêmes problèmes qu’on tente de résoudre. L’environnement redevient insalubre et l’inondation est au rendez-vous presque à chaque saison. Un travail de Sisyphe en quelque sorte.
Mais ne dit-on pas souvent que l’impossible n’est pas togolais ?
De la nécessité de changer de cap
Une meilleure gestion urbaine dépendra de la prise de conscience des populations de la ville de Lomé et de ses environs. Les populations de la capitale togolaise doivent reconnaître l’importance des caniveaux et ne plus les prendre pour des poubelles. Elles doivent accorder de l’importance aux infrastructures et se les approprier.
Plusieurs autres comportements sont à proscrire comme le vol des bétons-couvercles qui laissent une partie de ces caniveaux à ciel ouvert. Les populations doivent changer de comportement et devenir les premiers gardiens de ces caniveaux et les bassins de rétention d’eau.
De plus, il est nécessaire que chacun se donne la peine de ne plus jeter les ordures dans les coins de rues. Le jet des plastiques et emballages sur la route, en pleine circulation est à cesser pour faciliter la salubrité de la capitale.
Tous les ménages doivent être abonnés à la collecte des ordures, déléguée désormais par la Mairie à des agences de ramassage d’ordures.
Lomé, la belle, devenue la « poubelle » pourra ainsi retrouver ses couleurs et sa beauté d’antan grâce à la modernisation des infrastructures et à la construction de nouvelles routes.
Les autorités ont pris la mesure de la situation avec la création de l’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique (ANASAP) qui abat déjà un grand travail.
Les Comités de Développement de Quartier (CDQ), les associations de jeunes et des femmes doivent continuer les sensibilisations à l’endroit de toute la population pour venir à bout des actes inciviques qui mettent en difficulté la gestion urbaine.
Par-dessus tout, des sanctions doivent être prises contre toute personne surprise en fragrant délit, versant des ordures dans les caniveaux ou jetant des emballages et sachets plastiques dans la nature.
Toutes mesures qui permettront d’améliorer la gestion urbaine au Togo et de minimiser l’impact de l’incivisme sur les efforts des autorités et des partenaires.
Didier ASSOGBA