Annoncées pour le 2 février 2025, les élections sénatoriales continuent d’alimenter les débats au Togo. Dernier en date à réagir, le parti Forces démocratiques pour la République (FDR) s’est fermement opposé à cette échéance qu’il considère comme un « non-événement », se refusant à y accorder la moindre légitimité.
Dans un communiqué publié le 3 décembre, le gouvernement a officialisé la tenue de ce scrutin destiné à compléter l’architecture institutionnelle du pays. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), de son côté, a ouvert la période de dépôt des candidatures, qui s’étendra jusqu’au 23 décembre prochain. Pourtant, cette annonce n’a pas suffi à convaincre l’opposition, qui y voit une manœuvre politique plutôt qu’une avancée démocratique.
Un Sénat jugé inutile et coûteux
Pour le FDR, dirigé par Me Paul Dodji Apevon, la création du Sénat représente une charge financière superflue, dans un contexte où les priorités sociales et économiques du pays restent largement insatisfaites. « Les communes, dont certaines ne fonctionnent que de nom, manquent cruellement de ressources. Pendant ce temps, les populations luttent contre la pauvreté, le chômage et la vie chère, au point que beaucoup ne peuvent s’offrir plus d’un repas par jour ni accéder à des soins de santé », dénonce le parti.
À leurs yeux, la mise en place du Sénat n’est qu’une pièce supplémentaire dans le puzzle d’une « 5e République boiteuse et bancale », instaurée à travers des révisions constitutionnelles controversées. Ce projet, selon le FDR, répond avant tout à une volonté de renforcer l’hégémonie du pouvoir en place, plutôt qu’à un souci de démocratisation ou d’efficacité institutionnelle.
Élections sénatoriales, des soupçons de manipulation
Le FDR ne mâche pas ses mots pour dénoncer ce qu’il perçoit comme un engrenage électoral contrôlé par le pouvoir. Selon le parti, les législatives et régionales, organisées en amont des sénatoriales, avaient pour but d’asseoir une majorité écrasante en faveur du régime. Les députés et conseillers régionaux élus lors de ces scrutins formeront l’essentiel du collège électoral chargé de désigner les sénateurs, rendant le processus inéquitable dès le départ.
« C’est en raison de ces fraudes ignominieuses et du changement de la loi fondamentale dans des conditions rocambolesques que nous avons refusé de siéger à l’Assemblée nationale et dans les conseils régionaux », rappelle Me Apevon. Le FDR, fidèle à sa ligne politique, maintient sa décision de boycotter ces élections sénatoriales, qu’il considère comme dépourvues de sens.
Un appel à la mobilisation citoyenne
Si le FDR rejette catégoriquement le processus, il ne renonce pas pour autant à l’idée d’un changement profond. Le parti exhorte les Togolais à rester mobilisés, vigilants et confiants dans l’avenir. « Un jour nouveau viendra, et il nécessitera l’unité et la foi de tous », lance Me Apevon dans un message destiné à galvaniser une population souvent désabusée par les cycles électoraux.
Une échéance sous tension
En dépit des critiques, le gouvernement semble déterminé à avancer avec son calendrier. Présentée comme une avancée institutionnelle majeure, la création du Sénat divise profondément la classe politique et l’opinion publique. Alors que les partisans du régime y voient un moyen de renforcer la stabilité institutionnelle, l’opposition n’y perçoit qu’un outil supplémentaire pour consolider un pouvoir déjà omniprésent.
À mesure que la date approche, les tensions autour de ces sénatoriales risquent de s’intensifier, dans un climat politique où chaque échéance électorale devient un test pour la résilience démocratique du pays.
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