Delali Zognrah, le Président de Avé Développement se prononce sur la situation sociopolitique togolaise. Ce jeune togolais, natif d’Assahoun et qui est à cheval entre les Etats-Unis et le Togo a décidé de s’investir dans le développement de la préfecture de l’Avé d’où il est issu. Son engagement et les différentes actions de développement qu’il a initiées ces derniers mois ont été appréciés par les populations du milieu. Et très vite, d’aucuns avaient vu en lui un potentiel candidat aux dernières élections législatives. Mais le jeune opérateur économique, politologue de formation, n’avait pas fait acte de candidature. Qu’est-ce qui explique sa non-candidature ? Quel regard porte-t-il sur la situation actuelle du Togo ? Que faut-il attendre de la nouvelle Assemblée nationale ? Quel est son message aux nouveaux députés togolais ? Autant de questions auxquelles il répond dans l’interview ci-après, accordée à Togobreakingnews.
Togobreakingnews : Quel regard portez-vous sur la situation sociopolitique togolaise actuelle ?
Delali Zognrah : Merci de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur la situation de mon pays. Nous sommes réellement en crise sociopolitique, même si beaucoup de personnes ne veulent pas l’admettre. Et il faut avoir le courage de dire que cette crise est le résultat de la culture de la médiocrité très répandue aussi bien du côté du pouvoir et de son opposition. Il ne faut pas chercher loin. Regardez notre pays et regardez les autres. Cela fait plus de cinquante ans que nous avons eu notre indépendance, mais nous sommes incapable de faire le minimum pour nos populations.
{loadmoduleid 210}
Les intérêts personnels de l’élite politique dépassent les intérêts de la patrie. Cette culture de médiocrité se répand à tous les niveaux de l’Etat et dans toutes les couches de la population. Le sens du patriotisme n’existe plus. Nous sommes dans un jeu politique à somme nulle où les décisions politiques produisent des gagnants dans l’élite politique, alors que le peuple est toujours perdant.
Les dernières élections législatives destinées à renouveler l’Assemblée nationale ont été boycottées par la Coalition des 14 partis de l’opposition, parce que organisées unilatéralement par le pouvoir. Comprenez-vous cette décision ?
Le pouvoir et son opposition se sont lancé dans un prétendu dialogue avec des facilitateurs qui ne connaissent rien de la réalité politique du Togo et des aspirations du citoyen togolais. Au finish, il y a un camp qui crie qu’il a été roulé par les facilitateurs. Dites-moi comment peut-on régler la crise des Togolais ailleurs qu’au Togo ? Nous sommes au Togo. Ici on se connaît et nous connaissons nos problèmes, nous n’avons pas besoin d’aller demander la facilitation des pays étrangers qui n’ont pas encore réglé leurs propre problèmes chez eux. Je ne pense pas que Conakry se trouve dans la préfecture de l’Ave et Abuja dans la préfecture de la Kozah. S’il doit y avoir une solution à la crise togolaise, ça doit venir des togolais eux-mêmes. Les élections législatives ne sont pas la solution au problème togolais. Et puis, ne dit-on pas que les Etats ont des intérêts et non des amis ? La situation de crise dans un pays arrange les autres pays frontaliers ou de la zone qui profitent pour se positionner sur le plan économique, mais ils ne le diront jamais. Je ne veux pas faire la morale à l’opposition togolaise mais, il faut qu’elle s’inspire un peu des parcours des oppositions de l’Afrique qui ont surmonté leur crise et n’ont pas été des oppositions martyrs. Au Togo nos maux sont plus profonds que l’organisation d’une élection législative.
L’opposition togolaise ne nous dira pas qu’elle ne savait pas l’issue de ce dialogue dans lequel elle s’est lancée. Nous sommes en politique il ne faut pas être naïf, il faut être stratège comme le pouvoir. Pour le boycott l’opposition n’avait pas le choix parce que le peuple étant fatigué de leur routine ils ont décidé de changer de système de jeu. Toutefois, je me dis qu’ils sont plus incompétent que le pouvoir parce que le pouvoir a su se maintenir et nous l’avons tous vu dans ses manœuvres. L’opposition elle n’a jamais été au pouvoir donc c’est plus de 25 ans d’échecs avec les mêmes têtes.
Vous-mêmes étiez pressentis pour être candidat à ces élections. Pourquoi avoir choisi de ne pas y aller finalement ?
Ma candidature aux législatives n’est pas aussi importante comme les gens l’ont pensé. Personnellement je pense que le peuple souffre trop et l’élite politique en profite. Je me suis engagé pour aider mon pays à travers des actions de développement. Député ou pas, nous nous sommes donnés des objectifs à atteindre dans le développement de notre préfecture et je crois que nous y parviendrons. Il suffit de faire un tour dans ma préfecture pour voir la misère dans laquelle se trouvent nos populations. On nous parle des avancées comme des Cantines Scolaires alors qu’il n’y a même pas de salles de classe et de l’eau potable pour nos élèves, on nous parle de School Assur alors qu’il n’y a pas de dispensaires de docteurs et des infirmiers dans les écoles. Mon engagement c’est pour relever tous ces défis et laisser un avenir meilleur pour la génération future. Je ne me suis pas engagé pour embellir la galerie de l’élite politique togolaise. Je me suis engagé pour changer la vie des Togolais quelles que soient leur appartenance politique ethnique et religieux. Il est temps de faire renaître un nouvel espoir pour les Togolais et construire notre pays.
Et puis, je ne suis pas du genre opportuniste, si les grands partis politique étaient présents, peut être que j’aurais pu me présenter. Je préfère gagner contre UNIR et la C14 que de gagner contre des candidats qui n’arrivent même pas à récolter 500 voix dans leur propre fief.
{loadmoduleid 210}
Le parti UNIR contrôle le Parlement avec 59 députés. D’aucuns ajoutent également à ce score les 18 indépendants. Qu’attendez-vous de cette nouvelle Assemblée ?
Je n’attends rien de cette Assemble parce que depuis fort longtemps nos représentants n’ont jamais représenté le peuple. Ils se représentent eux-mêmes pour leurs propres intérêts. C’est une culture dans notre pays, l’intérêt de l’Etat n’a jamais prévalu. Nos députés se contentent de leur salaire et de leurs bénéfices, donc leur engagement c’est pour eux et pas pour le peuple. Il faut que cela change, il faut avoir la fierté de représenter sa patrie. Et quand on représente une préfecture on lutte pour le bien être de cette préfecture. Au Togo tu ne trouveras pas de représentants dans une préfecture qui pourra te dire qu’il est fier d’avoir fait ceci ou cela pour le peuple. Même le minimum qui est l’éducation ils sont incapables de l’offrir à leur préfecture. Ils attendent les échéances électorales pour partager quelques boites de craies et des stylos et ils sont fiers. Il faut que les mentalités changent. Je ne veux pas faire partie de cette classe de députés.
Le développement de la préfecture de l’Avé est ce qui vous tient le plus à cœur. Quel message lancez-vous aux députés élus dans l’Avé ?
Le développement de ma préfecture est mon objectif mais je veux que cela soit un exemple pour les autres préfectures quand nous réaliserons les objectifs que nous nous sommes donnés. Nous avons l’espoir et la conviction dans l’Avé que notre destin ne sera pas écrit pour nous, mais par nous. Si c’est possible dans l’Avé c’est que c’est possible dans La Binah, c’est possible dans le Tchaoudjo et c’est possible dans l’Assoli.
Pour les députés de l’Avé, je leur dirai de faire prévaloir l’intérêt de la nation et non les intérêts personnels. Ils sont entrain de représenter une nation et ils ont un devoir vis- à -vis de l’histoire.