Depuis son maquis, Agbeyome Kodjo continue ses réactions relativement aux suites de l’élection présidentielle de 2020. L’ancien Premier ministre d’Eyadèma vient d’adresser une lettre ouverte à Faure Gnassingbé. Dans la note, l’opposant porté à la présidentielle dernière par la Dynamique Mgr Kpodzro dénonce notamment le « harcèlement dont il est l’objet ». Se considérant toujours comme vainqueur du scrutin du 22 février dernier, alors même que le nouveau gouvernement de Faure Gnassingbé est en place depuis début octobre, Dr Kodjo demande au chef de l’Etat togolais de lui transférer pacifiquement le pouvoir. Seule façon pour eux de faire rentrer le Togo dans une nouvelle ère de démocratie.
D’entrée, Agbeyome Kodjo estime que la lutte démocratique est avant tout le combat pour les valeurs que sont la « primauté du mérite, de la justice, de l’équité, du respect de soi et des droits de l’Homme pour une prospérité partagée dans la solidarité envers les plus faibles ».
Le président du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) rappelle les péripéties qu’il a traversées ces derniers mois suite à la contestation par lui-même et la Dynamique Mgr Kpodzro des résultats officiels de l’élection présidentielle du 22 février 2020.
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L’ancien Premier ministre et actuellement député à l’Assemblée nationale note qu’à partir de la levée de ses immunités parlementaires et en dépit de sa qualité de « haut serviteur de l’État », il a été traité comme un « citoyen fautif, exposé à toutes les persécutions inimaginables et des humiliations indicibles ».
« Comment un Chef de famille peut-il voir insensible face à une horde de policiers dépourvue de mandat d’amener, qui, après avoir tout saccagé dans son domicile, molester, humilier, menotter, plaquer au sol sa femme, ses enfants, ses frères et cousins, ses collaborateurs et soutiens, et filmer de surcroît la scène ? Chaque être humain a droit à la dignité, au respect de ses droits fondamentaux », demande-t-il à Faure Gnassingbé.
Agbeyome évoque également l’arrestation, l’emprisonnement et la maltraitance des jeunes de la DMK, du Prophète Esaïe, Otto Apedo, Conseiller Spécial Chargé de la logistique de sa campagne.
Rencontre bilatérale manquée
Le président du MPDD écrit dans sa lettre que Faure Gnassingbé lui a envoyé plusieurs émissaires pour lui proposer le « poste de Premier ministre avec des avantages et privilèges », reconnaissant de facto « sa victoire à l’issue de la présidentielle ». Parmi les émissaires en question, il cite Atcha Dedji, le Général Damehane Yark par l’entremise de Me Martial Akakpo, Mgr Nicodème Barrigah qui lui agirait à la suite d’un message que Gilbert Bawara et Marc Vizy, alors ambassadeur de France au Togo, lui ont apporté le 20 avril 2020.
« Nous avons accepté le principe de vous rencontrer pour ce dialogue bilatéral mais la même nuit nous fûmes attaqués par des éléments armés qui ont commencé à prendre position dans toutes les maisons contiguës à la mienne, un mode opératoire qui laissait présager le pire, au point que Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro fut obligé de lancer un cri de détresse sur la Chaine de Télévision Internationale Tempo Afric TV et les réseaux sociaux », relate Dr Kodjo.
L’opposant estime que sa « seule faute » est d’avoir eu la faveur des urnes le 22 février 2020. Il indique vivre depuis plusieurs mois dans la clandestinité en raison de la violation de ses droits fondamentaux de citoyen, et des menaces constantes d’assassinat qui pèsent sur sa vie.
Celui qui dit avoir saisi le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU continue toutefois de réclamer à Faure Gnassingbé le transfert du pouvoir « pour le respect de la souveraineté ».
« Tous les Togolais ont été témoins des manœuvres déloyales de vos soutiens lors du scrutin pour vous faire triompher, mais en dépit de toutes ces pratiques irrégulières et illégales, de l’avis unanime de tous vous avez été largement atomisé. C’est pourquoi au regard de ce qui précède, je vous demande au nom de la dignité humaine, du respect de la souveraineté populaire, de la justice, de l’éthique et de la morale républicaine, de prendre rapidement les dispositions idoines pour un transfert pacifique du pouvoir », a-t-il exigé.
Au Chef de l’Etat actuel, dont le nouveau gouvernement est en place depuis début octobre dernier, l’ancien Premier ministre adresse : « Nous avons ensemble, vous et moi, la responsabilité historique de faire rentrer le Togo dans une nouvelle ère de démocratie, de paix, de justice sociale et de prospérité partagée pour tous ».
Dr Kodjo terme sa lettre à Faure Gnassingbé en rappelant que « le recours et l’usage abusif de l’intelligence des armes pour résoudre les conflits est rédhibitoire, et ne saurait construire une nation unie, prospère et solidaire ».
Notons que selon les résultats officiels de l’élection présidentielle du 22 février, Faure Gnassingbé a été déclaré vainqueur avec plus de 70% des voix contre 19,45% à Agbeyome Kodjo, arrivé officiellement 2e. Jean-Pierre Fabre était 3e avec un peu plus de 4%.
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