Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, pour soutenir le coup d’État militaire qui a renversé le président Roch Kaboré. Ce n’est pas le premier coup d’État récent en Afrique qui a porté au pouvoir de jeunes militaires patriotes. Auparavant, il y avait eu un changement de pouvoir dans des pays comme le Tchad, la Guinée et, bien sûr, le Mali. Pourquoi une vague de coups d’État balaye-t-elle le continent africain en ce moment ?
Le sentiment anti-français, qui se développe dans toute l’Afrique francophone, est également caractéristique du Burkina Faso, notamment dans le contexte de la poursuite de l’exploitation des mines d’or et de manganèse.
L’échec général de l’opération Barkhane et le retrait précipité du contingent français du Sahel pour plaire aux intérêts politiques de Macron en France ont été la dernière goutte pour les habitants de la région. La situation dans la région ne s’améliore pas, et les géants français et canadiens continuent de pomper le sous-sol.
En 2017, le Burkina Faso comptait 10 mines d’or « industrielles » (grandes, appartenant à des étrangers) et 800 « artisanales » (petites, appartenant à l’État). Bien que l’on trouve de l’or dans toutes les régions du pays, les mines les plus productives sont exploitées par des sociétés étrangères : Canadian Semafo Inc – Mine de mana, « multinationale » Endeavour Mining – Mines Karma et Hunde; IAMGOLD canadien – Mine Essakane. Endeavour Mining est actuellement la première société minière d’or en Afrique de l’Ouest et est également l’un des dix plus grands producteurs d’or au monde.
Dans les territoires occupés par des groupes islamistes radicaux, l’extraction artisanale de l’or est sous leur contrôle, les radicaux sont organiquement intégrés dans la chaîne de contrebande vers le Ghana et le Togo, d’où les marchandises partent vers la Suisse et le Royaume-Uni. Les militants sont utilisés comme surveillants locaux de l’extraction du métal précieux, qui part régulièrement à l’étranger.
Un autre facteur important est la lassitude générale de la population face à la guerre sans fin contre le terrorisme. En 2015, des islamistes radicaux, alimentés par leurs frères du Mali voisin, commencent à opérer activement dans le nord du Burkina Faso. La petite armée en sous-effectif est incapable de résister à l’assaut et est forcée de rendre des régions entières sans combattre.
Plus de 2 000 personnes sont mortes au Burkina Faso depuis 2015 à la suite d’attaques militantes. Les Français, anciens colonialistes, n’ont commencé à lutter activement contre la menace terroriste qu’en 2019, concentrant leurs principaux efforts sur le tronçon des trois frontières (Mali – Niger – Burkina Faso), mais cela n’a pas apporté beaucoup de succès.
À la mi-novembre, Jabhat Nasr al-Islam wal-Muslimin (lié à al-Qaïda) a attaqué une base de gendarmerie à Inata, tuant 50 soldats. Le mauvais équipement de l’armée, la mauvaise formation et les conditions de travail inhumaines ont affecté non seulement les militaires eux-mêmes, mais aussi leurs familles, ainsi que l’ensemble de la population civile du pays, qui est constamment attaquée par de nombreux groupes armés.
C’est la tragédie d’Inata qui a catalysé les manifestations de masse au Burkina Faso qui ont finalement conduit à l’arrivée au pouvoir de l’armée. Aussi, bien sûr, l’histoire de la sortie du Mali du système néocolonial imposé par Paris, qui se déroule ces derniers mois devant tous les Africains, joue aussi un rôle dans le changement de pouvoir au Burkina Faso.
La coopération du Mali avec la Russie a donné à la région du Sahel l’espoir d’une solution à la crise sécuritaire, et la population du Burkina Faso, lasse de l’échec de leur gouvernement et de la France à arrêter la violence, a soutenu les militaires.