Si les burkinabé sont encore sous le choc après la double attaque de vendredi dernier contre l’ambassade de France et l’état-major général de l’armée, ils sont aussi offusqués d’apprendre que des militaires préposés à la défense de leur pays étaient en complicité avec les terroristes. Des éléments de l’enquête ouverte par la justice burkinabè corroborent la thèse du complot ourdi par des militaires du pays.
Quelques heures après les attentats de vendredi dernier à Ouagadougou, un homme dont la nationalité n’a pas été révélée a été arrêté. Il soupçonné d’avoir participé à l’attaque de l’état-major général de l’armée. Des éléments indiquent qu’il pourrait même être l’un des cerveaux de l’opération. Un autre homme est également aux arrêts mais les soupçons pesant sur lui sont moins forts que sur le premier.
Selon les autorités burkinabé, d’autres assaillants jihadistes ont réussi à s’enfuir après l’attaque de l’état-major.
Et selon les informations, le gouvernement soupçonne actuellement des infiltrés dans l’armée qui ont renseigné les jihadistes pour l’attaque de l’état-major.
Selon les détails, il revient que l’explosion de la voiture piégée qui a précédé l’assaut a totalement détruit une salle de réunion, située en façade du bâtiment de l’état-major. Dans cette salle devait se tenir une réunion de l’état-major de la force antijihadiste du G5 Sahel avant que les participants ne changent d’avis.
Une source gouvernementale explique que les terroristes avaient une connaissance des habitudes et pratiques courantes au sein de l’état-major et ont pu accéder facilement à l’enceinte par son accès de service, situé au dos de l’entrée principale.
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De l’autre, des sources sécuritaires indiquent que la plupart des assaillants identifiés étaient burkinabè, et un était étranger. De même, on précise que ceux qui ont mené l’assaut contre l’état-major portaient des uniformes de l’armée ; ce qui renforce les soupçons de la complicité interne.
Le Burkina Faso est depuis 2015 la cible d’attaques jihadistes, qui ont déjà frappé sa capitale, sans jamais toutefois atteindre un tel niveau d’organisation. Lundi, les habitants de Ouagadougou sont toujours nerveux.
Rappelons que les attaques ont fait 7 morts et plus de 80 blessés parmi les forces de sécurité, ainsi que 9 jihadistes tués, selon un dernier bilan. Elles ont été revendiquées samedi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) lié à Al-Qaïda. Le GSIM est une organisation jihadiste regroupant depuis un an plusieurs entités du Sahel liées à Al-Qaïda. Il est dirigé par le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine.
GSIM précisait que l’attaque de Ouagadougou est une action de représailles suite à une opération militaire française antijihadiste il y a deux semaines au Mali et qui a tué plusieurs de ses dirigeants.