Emmanuel Macron, le président français est attendu mercredi à Cotonou. Ce déplacement est l’occasion pour près de 80 députés français d’évoquer la situation sociopolitique en cours au Bénin. Notamment l’emprisonnement de l’ancienne ministre Reckya Madougou ou encore du constitutionnaliste Joël Aïvo. Les députés issus de presque tous les bords ainsi qu’une ONG belge interpellent Macron sur l’autoritarisme du régime béninois.
Les députés français attire l’attention d’Emmanuel Macron sur la situation politique du Bénin depuis les dernières élections présidentielles de 2016. Ils pointent surtout le cas des opposants politiques au régime Talon qui devient de plus en plus alarmant.
En 2021 notamment, deux figures de l’opposition à savoir l’ancienne Garde des Sceaux Reckya Madougou a été condamnée à 20 ans de prison, et le constitutionnaliste Joël Aïvo, à 10 ans de prison. D’autres opposants sont en exil notamment Lehady Soglo, Sabastien Ajavon, etc. sont en exil.
« À 5 mois des prochaines élections législatives dans ce pays, nous espérons que votre déplacement ne servira pas de caution au régime, mais sera au contraire l’occasion de montrer que la France n’est pas sourde à la situation politique et aux dérives autoritaires du régime de Patrice Talon et qu’elle souhaite voir libérés les prisonniers politiques ainsi que le retour sécurisé des exilés politiques sur le sol béninois », ont écrit ces députés.
Droits de l’homme sans frontières à Macron
En plus des députés français, l’ONG bruxelloise «Droits de l’homme sans frontières» a exhorté le président français à exiger la libération de Reckya Madougou et Joël Aïvo.
Cette organisation a fait part de ses préoccupations concernant les violations des droits de l’homme au Bénin, notamment en ce qui concerne le maintien en détention des personnalités de l’opposition. Elle n’a pas compris pourquoi Reckya Madougou et Joël Aivo n’ont pas été inclus dans une liste de 17 détenus doit être temporairement libéré après une réunion le 13 juin 2022 entre le président Patrice Talon et Thomas Boni Yayi, ancien président du Bénin.
« Nous avons été particulièrement consternés de voir que Reckya Madougou et Joël Aivo ne figuraient pas sur la liste de juin 2022 des 17 détenus à libérer provisoirement. Mme Madougou et M. Aivo devraient être entièrement libérés immédiatement. La persécution et la détention de personnalités de l’opposition n’ont pas leur place dans une démocratie et nous sommes préoccupés par le bien-être de ces deux politiciens. Le président Macron doit profiter de sa visite au Bénin pour exiger que le président Patrice Talon les libère,» Willy Fautré, a déclaré le directeur de Human Rights Without Frontiers.
Mme Madougou avait été arrêtée en mars 2021 accusée d’avoir viré des milliers de dollars à un officier militaire dans le but de tuer des autorités anonymes. Sa candidature avait auparavant été rejetée par la commission électorale. La leader du parti d’opposition, Les Démocrates qui devrait challenger le président Talon à la présidentielle de l’année dernière, a vigoureusement rejeté les accusations portées contre elle.
Aivo est un professeur de droit mais aussi un homme politique. L’universitaire dont la candidature avait été également rejetée a été interpellé et incarcéré depuis le 15 avril 2021. Il avait été condamné le 7 décembre à 10 ans de réclusion pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Ses avocats ont dénoncé « un dossier vide dans le fond » et une « procédure approximative ».