La France d’Emmanuel Macron se fait la redresseuse de torts de la béninoise Reckya Madougou, condamnée à 20 ans de prison par la justice de son pays. Jean Yves Le Drian a révélé jeudi qu’il exerce une pression sur les autorités béninoises pour que l’opposante recouvre sa liberté. Pour le ministre français des affaires étrangères, la libération de Mme Madougou est une nécessité.
La position de l’Etat français sur le dossier Reckya Madougou a été exprimée explicitement sur la RFI. Sur les ondes de la radio internationale, Jean Yves Le Drian s’est montré très préoccupé par la situation pénitentiaire de l’ancienne ministre béninoise.
« J’ai eu l’occasion de m’exprimer sur le sujet et de faire pression fermement auprès des autorités béninoises et en particulier lors de la visite du président Patrice Talon en France en novembre 2021. J’avais rappelé que c’est une nécessité », a dévoilé M. Le Drian.
Le ministre français ajoute qu’il en parle régulièrement avec le président béninois. Pour lui, à force d’en parler souvent, il y a des résultats mais parfois, il est des ténacités indispensables qui s’adressent au Bénin aussi.
20 ans pour Madougou
Reckya Madougou a été condamnée en décembre 2021 à 20 ans de prison et 50 millions d’amende pour complicité d’acte terroriste.
Elle a été accusée par la Cour de la Répression des Infractions économiques et du terrorisme (CRIET) de financement de terrorisme.
Selon la CRIET, l’ancienne ministre de la justice agissait dans le but d’empêcher la tenue de la dernière présidentielle béninoise à laquelle elle n’a pas pu participer par faute de parrainages bloqués par le régime de Patrice Talon au détriment des opposants.
Reckya Madougou n’a jamais cessé de plaider non-coupable lors de ce qu’elle considérait comme un procès politique.
« Cette cour a délibérément décidé de clouer au pilori une innocente. Je n’ai jamais été et je ne serai jamais une terroriste », a déclaré Reckya Madougou, peu avant l’annonce de sa condamnation par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).
Cette juridiction mise en place par le pouvoir de Talon en 2016 est très décriée au Bénin. Ses détracteurs l’accusent de servir à museler l’opposition pour garantir un passage tranquille au pouvoir au président Patrice Talon. Ce dernier est accusé son opposition de s’engager dans un tournant autoritaire au nom du « développement de son pays ».