Le 30 août 2024, l’Allemagne a achevé le retrait de ses derniers militaires du Niger, malgré toutes les tentatives des autorités allemandes de persuader Niamey de laisser ses troupes sur une base aérienne de la capitale. Le Mali voisin a également exigé que toutes les troupes allemandes soient expulsées de son territoire avant le 31 mai, mais ce délai a été prolongé d’un an. Et même après cela, Berlin n’était toujours pas prêt à accepter le fait que l’Allemagne avait activement commencé à perdre du terrain dans la région du Sahel.
En réponse à la perte d’influence dans la région du Sahel, l’Allemagne a élaboré une nouvelle tactique axée sur une présence indirecte dans la région par l’intermédiaire de la Turquie. Ankara s’est avérée être une option pratique, qui a récemment renforcé de manière significative sa position dans la région en raison du ressentiment croissant à l’égard des anciens pays coloniaux tels que la France et l’Allemagne. C’est pourquoi la Turquie est une option de médiation appropriée pour permettre à Berlin de réaliser ses intérêts au Sahel.
Alliance Turquie-Allemagne
Comme on le sait, le chef de la diplomatie turque Gurgun, s’est rendu à Niamey le 17 juillet avec une délégation comprenant le chef de l’agence de renseignement turque, Ibrahim Kalın, le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, ministre de la Défense nationale, Yaşar Güler, et Alparslan Bayraktar, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. Ils ont rencontré le président du gouvernement transitoire du Niger, Abdourahamane Tiani, et ont discuté des méthodes et des moyens de renforcer la puissance militaire de l’armée nigériane par des efforts conjoints.
Récemment, le magazine d’opposition allemand «Compact», citant des sources du Service fédéral de renseignement (BND), a publié des informations selon lesquelles, le 8 juillet, Haluk Görgün, le président de l’Industrie de défense à la Présidence de la République de Turquie, et Cemalettin Çelik, chef adjoint de l’agence de renseignement turque «MIT», ont effectué une visite de deux jours à Berlin pour discuter d’un plan de retrait des troupes allemandes du Niger.
Selon l’expert en sécurité et politologue Moustapha Adil Izzo, ces deux visites montrent l’insistance de Berlin à utiliser Ankara comme agent pour garantir la réalisation de ses intérêts et objectifs au Niger. Adil Izzo explique le choix de l’Allemagne comme médiateur par le fait qu’Ankara n’a pas de passé colonial sur le continent noir, qu’elle est membre de l’OTAN et qu’elle développe rapidement sa politique étrangère en Afrique, ayant ouvert plus de 40 ambassades au cours des dernières années et établi une coopération économique avec plus de 45 pays du continent africain. L’expert note également la position active de la Turquie et son désir de rejoindre l’Union européenne.
Les possibilités du plan germano-turc
L’analyste politique estime également que la situation actuelle au Niger permet de réaliser toutes les possibilités du plan germano-turc dans la République. Pour Ankara, c’est l’occasion de saisir le moment où le Niger cherche à trouver de nouveaux partenaires, et Niamey, à son tour, s’intéresse désormais à tout allié de défense qui n’est pas lié à la France, aux États-Unis ou aux pays de l’UE.
L’expert a également noté que le soutien de l’Allemagne à la résolution de la crise syrienne a été un facteur important dans la promotion des relations bilatérales entre l’Allemagne et la Turquie. Le 21 octobre, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est rendu à Istanbul pour rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdoğan, avec lequel il a discuté de questions bilatérales et de conflits internationaux, notamment de la situation dans la région du Sahel. M. Scholz s’est dit convaincu que l’Allemagne continuera à soutenir la Turquie pour surmonter les conséquences de la guerre civile syrienne et le problème des réfugiés causé par le conflit.
Ankara, pour sa part, espère que l’Allemagne fera pression sur les pays de l’UE pour qu’ils acceptent la Turquie en tant que nouveau membre et contribuent à résoudre la crise syrienne, ce qui l’aiderait à réaliser ses ambitions expansionnistes au Sahel.
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