« Les rôles et responsabilités des acteurs et des parties prenantes dans le processus de réformes ». C’est l’intitulé d’une communication donnée jeudi à l’Atelier National de Réflexion et d’Échanges sur les Réformes politiques et institutionnelles par l’ancien Premier Ministre du Togo, Agbeyome Kodjo. Une rencontre qui offre à la classe politique et à toutes les parties prenantes, l’opportunité de débattre du contenu et de la portée des Réformes politiques en vue de la Réconciliation Nationale et du Renforcement de l’Unité Nationale au Togo.
Pour le président du parti politique OBUTS, à ce tournant particulier de l’histoire, le Togo a le devoir de préciser le cadre constitutionnel qui formera la nature du régime politique de la république de demain, pour l’émergence d’une société plus démocratique, et qui répond aux attentes des populations qui aspirent à plus de justice sociale et de transparence dans la gouvernance publique.
« Tout fait politique étant par nature et par destination perpétuellement perfectible, il nous reste, en toute humilité, encore beaucoup de chemin à parcourir pour construire un modèle de démocratie performant au service du développement et répondant aux aspirations réelles de nos populations », a-t-il dit.
Universalité des principes démocratiques
Pour Agbeyome Kodjo, les différentes interventions des experts laissent un vaste éventail des choix entre un régime Parlementaire, un Régime présidentiel fort, ou un régime semi présidentiel.
Selon l’ancien Premier Ministre, quel que soit le choix qui sera opéré, les principes démocratiques qui sont universels ne pourront être remis en cause ou dilués par les spécificités locales. « Voilà qui devra, à tout le moins, nous rassurer tous », a-t-il indiqué.
Le patron d’Obuts rappelle que les principes et règles qui fondent toute démocratie, s’articulent autour de la primauté du suffrage universel, du libre choix des représentants légitimés par la vérité des urnes, de la séparation des pouvoirs, de l’indépendance de la justice, de la garantie des libertés individuelles et collectives, et du respect des droits de l’Homme.
Pour Agbéyomé Kodjo, au cours de tout processus de réforme institutionnelle et constitutionnelle, les acteurs de la vie politique nationale et toutes les parties prenantes, notamment les formations politiques, jouent un rôle clef dans la rédaction et la restructuration d’un acte constitutionnel.
M. Kodjo estime que les représentants des institutions républicaines, du patronat, des centrales syndicales, des organisations de la société civile, les associations des professionnels des Médias, des corps de métier de droit, des centres de recherche, des universitaires, des juristes, des sociologues, des historiens, ainsi que des chefs traditionnels, des dignitaires religieux de diverses confessions ont un rôle de première importance dans la réussite du processus de réforme.
Rappelant que cette démarche de concertation n’a pas été observée lors de l’élaboration de la Constitution d’Octobre 1992 plébiscité par le peuple, l’ancien Premier Ministre indique que les institutions issues de cette Constitution ont parues perfectibles au fil des temps. Ce qui expliquera les modifications partisanes que cette constitution a subies le 31 décembre 2002 et le 5 février 2005 avec son lot de contestations et de condamnations.
Rôle des acteurs politiques et des parties prenantes
Dans sa communication, M. Kodjo insiste sur la nécessaire impartialité des acteurs politiques qui animent les institutions afin d’éviter les violences politiques. Son absence et le manque d’un esprit républicain font qu’à chaque fois, la victoire électorale d’un camp sur l’autre est considérée comme une injustice avec son lot de contestations et de violences.
Ainsi, le patron d’Obuts indique que les acteurs politiques et parties prenantes ont un rôle important dans la quête d’un mieux vivre-ensemble dans une République apaisée, moderne, à l’abri des conflits et des violences politiques.
Pour lui, les partis politiques devront conjuguer leurs intérêts partisans avec les intérêts publics en se dotant d’une charte de bonne conduite avec une morale républicaine au cœur de leurs actions. Pour leur part, les parties prenantes doivent davantage être entendues dans le processus de réformes en tant que principales institutions intermédiaires établissant le lien entre les citoyens et les dirigeants politiques.
Les disparités dans la répartition de la richesse nationale, la faiblesse des garanties d’indépendance de l’institution judiciaire, l’insuffisance d’emploi en faveur des jeunes, la persistance des faits de corruption, et l’extrême pauvreté pourraient trouver un remède si les acteurs politiques et les parties prenantes trouvaient un compromis susceptible de générer un nouveau pacte républicain, déclare Agbéyomé Kodjo.
M. Kodjo appelle à un accord entre les acteurs politiques et la société sur le contenu des réformes à opérer et un calendrier des travaux de la Commission sur les réformes dans un délai relativement court.
« Les choix de l’homme sont libres mais les contextes évoluent. Je nous souhaite beaucoup de volonté politique et de dépassement de soi pour un Togo émergent, réconcilié qui assume son destin et offre à chacun de ses enfants les moyens de s’épanouir et de vivre dignement. Nul ne doit avoir peur de l’avenir, ayons l’audace d’oser et de nous projeter dans l’Histoire », conclu l’ancien Premier Ministre.