Le Syndicat démocratique des mines (SYDEMINES) du Togo et l’Ong Solidarité Action pour le Développement Durable (SADD) lèvent la voix contre la situation précaire et les mauvais traitements que subissent près de 400 travailleurs contractuels de l’usine SCANTogo à Sika-Condji (80 km de Lomé). Ces deux structures sont en soutien aux travailleurs dits contractuels qui sont utilisés par l’usine de cimenterie mais qui ne les reconnaît pas, les discrimine et les laisse à la merci de certains tâcherons, qui gardent une bonne partie de leurs salaires et les empêchent de réclamer quoi que ce soit. L’organisation syndicale du secteur des mines interpelle les premiers responsables de ScanTogo à mettre fin à la leur fuite de responsabilité pour rétablir les 400 travailleurs dans leurs droits. Elle invite les autorités à agir pour mettre fin à cette exploitation de ces travailleurs togolais.
Chez les membres de SYDEMINES, on compare désormais ScanTogo à Wacem en matière de traitement des travailleurs. Et du statut de l’usine modèle, au vu des conditions réservées aux travailleurs recrutés directement par son administration, l’usine ScanTogo voit désormais son image écornée par les agissements de ses sous-traitants, des tâcherons qui recrutent des agents pour le compte de ladite usine mais les soumettent à de pires traitements.
Des délégués syndicaux recrutés par des entreprises sous-traitants pour ScanTogo témoignent déjà de la dégradation des conditions de travail et des discriminations qu’ils subissent en matière de paiement des salaires et d’un certain nombre d’avantages dans l’enceinte de l’usine.
Travailleurs de SCANTOGO mais non reconnus….et discriminés
Ces travailleurs dénoncent la ruse de ScanTogo qui a fait recruter, par des tâcherons (ETGM de Tovianyo Kokou Dakou et CMTP, notamment), près de 400 travailleurs sur les 600 qui opèrent dans les ateliers, mais qu’elle dit ne pas reconnaître comme ses agents.
Les travailleurs contractuels mis à la disposition de Scan Togo par ETGM et CMTP se plaignent également de n’avoir aucune protection sociale, aucune sécurité santé au travail. Ils disent être privés d’équipement de protection sociale. De même, ils n’ont pas accès à l’infirmerie de l’usine et n’ont pas droit aux Visites médicales.
En plus, leurs horaires de travail ne sont pas respectées et les heures supplémentaires sont maladroitement calculées et donc ne sont pas payées. Ils ne sont pas autorisés à entrer dans la Cantine des employés de ScanTogo, n’ont pas droit au transport, n’ont pas de contrat et n’ont pas d’avancement, etc…).
Ces employés contractuels déplorent aussi leur non ou difficile déclaration à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la difficile prise en charge des victimes d’accident de travail.
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Pour les salaires, ils révèlent que certains d’entre eux perçoivent difficilement le SMIG qui est de 35.000 Fcfa, ndlr).
« Malgré cela, il n’y a aucun système assurant notre avancement. Ceux d’entre nous qui décident de protester sont purement et simplement licenciés sans aucune forme de procès », confie le délégué du personnel contractuel ETGM.
L’exemple saisissant est le licenciement en Août 2017 de plus de 50 travailleurs sans dédommagement pour la simple raison qu’ils ont refusé de voir leur taux horaire passer de 400 Fcfa à 250 Fcfa.
Evoquant la question de la Responsabilité sociale de l’entreprise, les syndicalistes émettent des doutes estimant qu’un certain nombre de projets annoncés est presque inexistant sur le terrain.
Mettre fin à l’exploitation des 400 travailleurs dits contractuels
Partant de tout ce qui précède, le SYDEMINES interpelle le Conseil d’Administration du groupe Heidelberg Cement et les premiers responsables de SCANTOGO, sur la misère faite à ces 400 travailleurs contractuels. Pour le Syndicat, c’est grâce aux efforts conjugués des contractuels et des permanents que la productivité ne fait qu’accroître et que les objectifs d’extraction du clinker pour la production du ciment sont atteints chaque année depuis 2015 (1 million de tonnes en 2015 ; 1,2 million de tonnes en 2016 ; 1,5 million de tonnes en 2017).
« Selon nos analyses, ce qui se passe à ScanTogo est une fuite de responsabilité. Tout le monde connaît cette société comme un modèle. Mais dans la même structure, il y a pratiquement 400 travailleurs sur les 600 qui sont considérés comme des travailleurs contractuels qui sont soumis à de rudes conditions, à la pire forme de travail qu’on connaît. C’est ce que nous dénonçons à Sydemines », déclare Kodjovi Sedonou, Secrétaire général adjoint de Sydemines.
L’organisation syndicale des travailleurs du secteur des mines interpelle les premiers responsables de ScanTogo à considérer les 400 travailleurs dits contractuels qui ne cessent de contribuer à l’augmentation de la production de l’usine.
Pour Sydemines, il n’y a pas de raison que cette importante frange de travailleurs de ScanTogo soit laissée pour compte au nom d’une sous-traitance qui permet à des tâcherons d’exploiter ces travailleurs.
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Le responsable de Sydemines reconnaît que dans le secteur des mines au Togo, les 200 agents permanents de ScanTogo ont une situation enviable. Le syndicat estime qu’il y a lieu d’appliquer les mêmes conditions aux 400 autres travailleurs.
« Il y a des activités confiées à ces travailleurs dits contractuels de façon durable. Il y en a qui sont là-bas depuis quatre ans. Nous ne comprenons pourquoi on les fait passer pour des contractuels pour leur payer des misères », a ajouté M. Sedonou.
Les travailleurs contractuels de ScanTogo, Sydemines et l’Ong SADD interpellent également les autorités togolaises à veiller à ce que la situation de deux poids deux mesures qui prévaut actuellement à ScanTogo prenne fin. Pour eux, il s’agit simplement d’un système d’exploitation qui permet à un tâcheron de percevoir une commission sur des travailleurs. Pour ces structures, la démarche vise à faire reconnaître les droits de ces travailleurs et que leur statut soit clairement défini avec les avantages qui vont avec.
Notons qu’à quelques kilomètres de Sikacondji où est implantée ScanTogo, une autre usine de cimenterie, Wacem-Fortia est coutumière du fait. Mais depuis deux ans, un long mouvement de grève a permis à ses dirigeants d’entendre raison et d’entamer l’amélioration des conditions des employés (permanents comme contractuels). ScanTogo va-t-elle prendre le mauvais exemple sur Wacem-Fortia ?