Le 21 décembre dernier, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont repris le contrôle de la localité de Ndoluma dans le Nord-Kivu. Cette victoire a été obtenue au terme de violents affrontements contre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Elle constitue un jalon dans les efforts de l’armée congolaise pour freiner l’expansion de cette insurrection qui déstabilise la région depuis plus d’une décennie.
Démonstration de force dans le Nord-Kivu
Selon des témoignages concordants, l’offensive des FARDC a mobilisé des hélicoptères de combat et de l’artillerie lourde, signe d’une intensification des moyens déployés pour contrer le M23. Dès le lendemain, le 22 décembre, les forces gouvernementales ont entamé une avancée vers Alimbongo, une localité stratégique tombée entre les mains des rebelles une semaine plus tôt.
Les pilonnages intensifs des positions rebelles autour d’Alimbongo traduisent une volonté de la part de Kinshasa de reprendre le contrôle des zones clés du sud du territoire de Lubero. Mais, comme le soulignent les observateurs sur le terrain, la situation demeure tendue, et l’issue des combats reste incertaine dans cette région où le M23 a su imposer sa présence malgré les efforts répétés des autorités congolaises et de la communauté internationale.
Un conflit enraciné dans les fractures locales et régionales
Le M23, né en 2012 d’une scission au sein des anciens membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), revendique la défense des intérêts de la communauté banyamulenge, une minorité tutsie vivant principalement dans l’est de la RDC. Cependant, derrière ces revendications identitaires se dessinent des enjeux géopolitiques complexes.
Depuis sa résurgence en novembre 2021, le groupe armé s’est emparé de vastes territoires dans le Nord-Kivu, alimentant une crise humanitaire majeure. Les accusations de soutien au M23 portées contre le Rwanda, malgré les démentis répétés de Kigali, ont exacerbé les tensions régionales. Ces soupçons ne sont pas nouveaux : l’implication du Rwanda dans les conflits de l’est congolais remonte aux années 1990, au lendemain du génocide des Tutsi, et reflète des dynamiques transfrontalières profondément enracinées.
La bataille d’Alimbongo, un tournant décisif ?
La reprise de Ndoluma constitue une avancée symbolique et stratégique pour les FARDC, mais elle ne résout en rien les défis structurels auxquels l’armée congolaise est confrontée : manque de coordination, corruption et sous-équipement. Alimbongo, point névralgique pour le contrôle du sud du Lubero, devient désormais l’enjeu principal.
Cependant, au-delà des victoires militaires ponctuelles, la stabilisation de cette région nécessite des solutions politiques et diplomatiques durables. La montée en puissance du M23 est le symptôme d’un système d’insécurité chronique, nourri par des rivalités locales, l’absence d’État et des ingérences étrangères.
Un fragile équilibre régional
Alors que la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) tente de jouer un rôle de médiation, notamment à travers le déploiement d’une force régionale, les résultats restent limités. L’imbrication des acteurs locaux et régionaux complique toute tentative de résolution rapide.
La reprise de Ndoluma pourrait certes galvaniser les FARDC, mais les revers subis par l’armée congolaise ces derniers mois montrent que la lutte contre le M23 ne saurait se limiter à des victoires militaires. Une stabilisation durable passera par une réforme en profondeur de l’armée congolaise, une meilleure coordination régionale et, surtout, une résolution des griefs locaux qui alimentent les conflits depuis des décennies.
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