La République Démocratique du Congo (RDC) a officiellement déposé une plainte contre des filiales d’Apple en France et en Belgique. Le pays de Félix Tshisekedi accuse la marque d’exporter et de se faire livrer illégalement des minerais congolais, via le Rwanda, « au prix de nombreux crimes ».
Depuis plusieurs mois, les autorités congolaises dénoncent un trafic illégal des minerais provenant de l’Est du pays, une région marquée par des conflits armés persistants. Selon la RDC, ces minerais seraient passés en contrebande par le Rwanda avant d’être blanchis et intégrés aux chaînes d’approvisionnement mondiales, dont celles d’Apple.
Les accusations : recel de crimes et pratiques trompeuses
La plainte, déposée en France, cible plusieurs chefs d’accusation graves, notamment le recel de crimes, le blanchiment, l’usage de faux et des pratiques commerciales trompeuses. Selon les avocats Robert Amsterdam (Washington), William Bourdon et Vincent Brengarth (Paris), ainsi que Christophe Marchand (Bruxelles), Apple aurait donné une image trompeuse de ses chaînes d’approvisionnement en assurant aux consommateurs qu’elles étaient « propres » et exemptes de tout lien avec des groupes armés.
Le communiqué des avocats souligne que ces activités illicites ont causé des « destructions et des souffrances profondes » parmi les populations civiles de l’Est de la RDC. En finançant des milices armées et des groupes terroristes, ces pratiques illégales alimenteraient un cycle de violence sans fin dans cette région riche en ressources naturelles, tout en contribuant au travail des enfants et à la dégradation environnementale.
Apple se défend, le Rwanda conteste
En avril dernier, la RDC avait adressé une mise en demeure à Apple, l’exhortant à clarifier sa position. En réponse, la multinationale américaine avait fait référence à son rapport annuel 2023 sur les minerais liés aux conflits, affirmant n’avoir trouvé « aucune preuve solide » que ses chaînes d’approvisionnement avaient directement ou indirectement financé des groupes armés en RDC ou dans un pays voisin à la date du 31 décembre 2023.
De son côté, le Rwanda a rejeté les accusations, les qualifiant de « sans fondement ». Depuis les années 1990, l’Est de la RDC est en proie à des violences récurrentes, exacerbées par la réapparition en 2021 du mouvement rebelle M23, que Kinshasa accuse d’être soutenu par le Rwanda. Ce groupe occupe aujourd’hui une grande partie du Nord-Kivu, région stratégique pour ses minerais, notamment le coltan, indispensable à la production d’appareils électroniques.
Cette plainte représente une première historique pour la RDC, qui entend confronter les entreprises internationales et les acteurs impliqués dans le pillage systématique de ses ressources naturelles. En ciblant Apple, Kinshasa met en lumière les responsabilités globales dans l’exploitation des minerais dits « du sang ».
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