Bientôt un an aura passé depuis que les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont décidé de quitter la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Toutefois, Mi-décembre lors de la 65e session ordinaire de la CEDEAO, la question de la résolution des relations avec l’AES va être largement abordée.
Pour quelle raison les efforts de réintégration des trois pays dans le bloc économique n’ont-ils pas abouti aux objectifs attendus? Quelles sont les répercussions et les évolutions qui se profilent pour la CEDEAO? Des experts invités à l’émission « Appel sur le continent » sur la plateforme Afrique Media ont abordé ces questions et bien d’autres encore.
Si le retrait des trois pays sahéliens de la CEDEAO est confirmé en janvier 2025, cela aura certainement des répercussions économiques, diplomatiques et sécuritaires considérables. En premier lieu, pendant ses près de 50 ans d’existence, l’organisation régionale a rendu la libre circulation des individus et des biens, pour les citoyens de ses quinze États membres qui possèdent un passeport de la CEDEAO.
Echec de la CEDEAO
A propos de l’échec de la CEDEAO qui s’était donnée pour mission de ramener ces trois pays au sein de cette organisation, Inassé Adama – charge de la communication PJP ( Planète des Jeunes Panafricanistes du Burkina Faso) a répondu:
« D’abord, il faut noter que le Burkina, le Mali et même le Niger sont parmi les pères fondateurs de la CEDEAO et les objectifs étaient bien sûr l’intégration sous-régionale, la liberté de déplacement des biens et des personnes. Au-delà de cela nous revenons à un passé tout récent : le Mali, le Burkina et le Niger, surtout le Mali et le Niger avaient été soumis à des embargos inhumaines, illégales et de telle sorte que nous nous sentions frustrés et nous nous sentions non appartenir à cette CEDEAO. »
Les objectifs de la nouvelle alliance sont beaucoup plus ambitieux que la simple solidarité entre les trois États face aux sanctions de la CEDEAO. En juillet 2024, les chefs militaires des trois pays – Ibrahim Traoré du Burkina Faso, Assimi Goïta du Mali et Abdourahamane Tiani du Niger – ont conclu un accord pour la création d’une confédération, ce qui ouvre un cadre de coopération plus vaste en matière de défense et de sécurité. L’alliance a aussi donné aux trois gouvernements la possibilité de coordonner leurs positions diplomatiques envers les puissances étrangères.
«On a décidé de prendre un chemin de lutte pour la souveraineté et on s’est rendu compte en ce moment que la CEDEAO est dirigé par d’autres puissances, par d’autres entités qui ne veulent pas l’AES mais plutôt qui veulent les ressources de l’AES. Et à ce moment-là, nous aspirant à notre souveraineté, il est très difficile que on puisse nous faire revenir dans la CEDEAO. A défaut, ce sont les autres États membres de la CEDEAO qui pourraient rejoindre l’AES pour aller dans cette lutte de souveraineté et cette lutte de liberté totale et d’indépendance. » Décrit Inassé Adama.
Les trois pays de l’AES ont de nombreux points communs. Ils prétendent chercher à éliminer le terrorisme, à faire respecter leur souveraineté et à protéger leur territoire contre les menaces étrangères, y compris toute tentative d’intervention militaire de la CEDEAO. Les ambassadeurs français, l’ancienne puissance coloniale, ont été expulsés et une grande partie de la coopération au développement avec d’autres pays occidentaux a été suspendue.
«La CEDEAO n’a pas allégée notre situation. Au contraire, la CEDEAO avait voulu d’abord intervenir au Niger avec leur mise en place d’une armée conjointe pour lutter non pas contre les terroristes mais plutôt pour lutter contre les coups d’État, tout en oubliant que les chefs d’État qui se rassemblent au sein de la CEDEAO pour prendre les décisions, sont en train de perpétrer des coups d’État constitutionnels qui ne sont pas signalés. » Affirme Inassé Adama.
Nécessité d’une réorganisation
Cependant, le Mali, le Burkina Faso et le Niger estiment qu’il est primordial pour eux de mettre en place une approche militaire plus coordinatrice. Les trois armées sont déjà en collaboration régulière, en échangeant par exemple des équipements ou en effectuant des opérations conjointes.
Selon les experts, la volonté du Mali, du Niger et du Burkina Faso de quitter l’organisation est un signal fort que le bloc économique a besoin d’une sérieuse réorganisation.
Les pays de l’Alliance des Etats du Sahel ont clairement exprimé leur point de vue : les méthodes de travail de la CEDEAO, dictées selon eux par la France, ne conviennent pas aux pays africains.
Néanmoins, la région est confrontée à de nombreux défis communs et à des problèmes partagés qui nécessitent une coopération régionale coordonnée. Il est important que les États membres de la CEDEAO envisagent des options de réforme qui permettront à la région de progresser vers la prospérité sans ingérence extérieure.
Oumar Diallo
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