Le Burkina-Faso, le Mali et le Niger sont dirigés par des régimes militaires. Ces pouvoirs qui ont suscité d’énormes espoirs peinent actuellement à rétablir la sécurité et à garantir les libertés et le développement aux citoyens. Au Burkina, les groupes armées terroristes continuent de frapper jusque dans les garnisons pendant qu’au Mali, les combattants du JNIM mènent des attaques dans la région des kayes (près de Bamako). Au même moment, l’armée nigérienne est aussi secouée avec des descentes des terroristes dans la région de Tilabéri. Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani parviendront-ils à éradiquer le terrorisme tel qu’ils l’avaient promis ?
Les inquiétudes montent dans l’Alliance des Etats du Sahel (AES). L’arrivée au pouvoir d’Ibrahim Traore en octobre 2022 a suscité des espoirs au Burkina Faso. Il avait alors promis d’améliorer la situation sécuritaire. Si des efforts ont été faits en matière d’acquisition du matériels militaires, le derrière attaque contre une brigade de gendarmerie ayant coûté la vie à plus d’une soixantaine de soldats ravive les craintes d’une dégradation de la situation sécuritaire.
Des informations font état de ce que le GSIM gagne du terrain dans le pays. De très nombreuses zones ont été abandonnées aux Groupes Armés Terroristes (GAT) – Seules les villes de Ouagadougou et Bobo Dioulassou restent préservées. Le nombre de victimes chez les forces de sécurité (FDS), les volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et les civils a considérablement augmenté.
De même, des populations sont contraintes de gérer une hausse drastique des prix, accompagnée d’une réduction des libertés publiques. Le mécontentement et la colère de la population sont grandissants. Cependant, plus personne n’ose critiquer car le pouvoir réprime toute forme de protestation. Pourtant, à Ouagadougou, certaines organisations de la société civile donnent l’impression que le président de la transition est vraiment soutenu par la population.
Situation compliquée pour les régimes militaires
Des rumeurs ont indiqué ces derniers jours que le président Ibrahim Traoré s’était caché, craignant une tentative de coup d’Etat suite à de nouvelles attaques. Il s’est finalement montré en présidant un conseil des ministres jeudi.
Au Mali, après la prise de Kidal, les Forces Armées Maliennes (FAMa) continuent d’être attaquées à l’Est par l’Etat Islamique, au Centre et au Nord par le JNIM : Jamaat Nousrat al Isma wal Mouslimin (affilié à Al Qaïda). Ce groupe mène également des raids dans la région de Kayes. Des centaines de FAMa auraient déjà perdu la vie dans ces attaques.
Le Wagner, présent en terres maliennes, opère un bon maillage territorial s’impliquant sur le terrain alors qu’on signale que les FAMa sont moins actifs et patrouillent moins. Le groupe russe est accusé de commettre des exactions sur les populations en procédant à des arrestations arbitraires, des tortures, des exécutions et même des décapitations, comme les jihadistes.
Des observateurs avancent que cette situation provoque l’exaspération de la population prise entre les terroristes, les mauvais traitements de Wagner, la dégradation des conditions de vie et la répression du pouvoir pour faire taire sa réaction. Cette dynamique s’accélère générant un climat de crainte extrêmement fort. Les journalistes sont totalement muselés.
Sur le plan politique, il n’y a plus d’opposition, ni de réaction possible, malgré un mécontentement extrêmement fort de la population. Alors que les associations de la société civile ont été interdites et qu’un projet de dissolution des partis politiques est sur la table.
Depuis le report sine die des élections prévues en février 2024, aucun calendrier n’est communiqué par les autorités militaires.
Pas de sérénité dans l’Alliance des Etats du Sahel
Pendant ce temps au Niger, on signale une dégradation sécuritaire dans l’ouest du pays (dans la région Tilabéri). En effet, les groupes armées terroristes (GAT) mènent des attaques contre les Forces de sécurité (FDS). La pression terroriste serait encore plus forte d’après plusieurs habitants de cette région.
Mais les autorités nigériennes continuent de s’éloigner des partenaires traditionnels (France, USA, etc.), notamment en dénonçant les accords de défense qui avaient cours jusqu’ici. A contrario, le pays s’est rapproché de la Russie.
Des observateurs avisés craignent une dégradation de la situation surtout que les autorités militaires n’ont pas encore communiqué de calendrier de transition et qu’il n’y a toujours pas de dialogue inclusif entre les différents acteurs du pays.
On voit bien que les trois régimes militaires, regroupés au sein de l’Alliance Etats du Sahel (AES) ne sont pas très en sécurité.