Gerry Taama quitte la politique. C’est le leader du Nouvel Engagement Togolais (NET) lui-même qui l’annonce, après des jours de réflexion. L’issue des élections législatives et régionales du 29 avril dernier a été choquante pour l’ex-officier des Forces armées togolaises. Il consacrera désormais son énergie à d’autres secteurs, notamment ses activités économiques.
Pour Gerry Taama, depuis le 30 avril dernier, dès le lendemain du double scrutin, il avait déjà annoncé à la fédération de l’Est-Mono qu’il quittait la politique. Cependant au niveau national, cela a pris plus de temps, puisqu’il faut, avant de démissionner de la tête d’un parti disposant de 35 mille adhérents, prendre un certain nombre de dispositions.
C’est chose faite à présent. La démission est actée et le parti sera dirigé par le premier vice-président, jusqu’à l’organisation d’un congrès dès le mois prochain.
« J’ai pris la décision de quitter la politique ce 30 avril 2024, au vu de la vanité de tous nos efforts. Il ne sert à rien de perdre son temps en politique au Togo, tant que les résultats des élections n’ont aucun rapport avec le vote des électeurs. Cette situation, cette férocité et cette voracité, je ne l’ai observée dans aucune des quatre élections auxquelles j’ai déjà participé. Cette année était spéciale », a-t-il écrit.
Gerry Taama démotivé par des fraudes
M. Taama explique sa décision par des irrégularités qui ont entaché les législatives et les régionales du 29 avril dernier.
Il révèle qu’au jour de l’élection, dans deux bureaux de vote d’un canton, deux personnes sont surprises en train de bourrer les urnes. Le superviseur de la CELI déployé sur le secteur (Unir) est interpellé et se saisit lui-même du surplus de bulletins tombés à terre. Dans un autre canton, un membre de bureau de vote a été surpris avec 150 bulletins de vote chez lui.
Sur 324 procès-verbaux, le NET n’a recueilli que 151 par type de scrutin. Les motifs d’absence de PV sont multiples mais le plus récurrent, selon M. Taama est le refus de les donner aux membres de bureaux de vote, quand il ne s’agit pas de menaces et d’intimidations. Dans certains cas, les membres ont dû fuir le bureau de vote pour se mettre à l’abri. Et la dernière raison est que certains des membres du bureau de vote ont simplement disparu et n’ont plus répondu au téléphone depuis lors.
« Quand on analyse les PV à notre disposition, on réalise que c’est uniquement dans deux cantons qu’ils reflètent la réalité d’une élection plurielle et équitable. Le taux de participation est conforme à celui observé lors de nos tournées dans les bureaux de vote à la fermeture de ceux-ci, soit entre 35 et 45%. », a déploré l’ancien président du groupe parlementaire NET-PDP.
Pas de recours
Malgré tout, l’ancien candidat à la présidentielle de 2015 ne compte pas saisir la Cour constitutionnelle. Il justifie sa décision par 3 raisons.
La première, il n’a plus de raisons objectives de croire à l’objectivité de la cour constitutionnelle. L’ancien officier des FAT explique qu’à deux reprises durant ce mois de mars, il a été débouté par cette même cour sur des sujets où il estime qu’elle n’avait pas dit le droit.
La deuxième raison est que toutes les irrégularités dont il a fait mention lors des dépouillements n’ont pas été faites par des personnes opulentes venues de Lomé.
La dernière raison qu’il évoque est que dans les conditions de déroulement des élections d’avril 2024, gagner une élection à l’intérieur du pays en étant un parti autre qu’Unir est impossible.
Celui qui a démissionné de l’armée pour s’engager dans la politique révèle que depuis 2012 jusqu’à ce jour, il a dépensé plusieurs centaines de millions de fcfa, une grande partie de cet argent est issue de ses propres activités économiques, et la seconde, de la participation des militants, notamment les membres des CELI de la CENI et des députés.
« Rien que cette élection m’a coûté plusieurs dizaines de millions, dont les ⅔ environs dans l’Est-mono », a-t-il rechassé.
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