Au Sénégal, Macky Sall a prolongé son mandat à la tête du pays contre vents et marrées, aidé par les forces de défense et de sécurité. Une situation préoccupante pour la CEDEAO qui appelle à prendre des mesures pour rétablir le calendrier électoral conformément à la Constitution.
L’Assemblée nationale sénégalaise a voté lundi dernier le report de la présidentielle. C’était après l’évacuation manu-militari des députés de l’opposition de l’hémicycle. Le texte soumis au Parlement portait sur le report de la présidentielle au 15 décembre 2024 et permet à Macky Sall de rester au pouvoir jusqu’à l’entrée en fonction d’un nouveau chef de l’État.
Les députés de la principale coalition d’opposition avaient refusé de voter sans un débat sur le fond. Le pouvoir a instruit une horde de gendarmes qui a fait irruption dans la salle plénière pour faire sortir ces parlementaires.
« Ils ont réussi à faire passer l’amendement qui proroge le mandat du président de la république illégalement, anticonstitutionnellement jusqu’au 15 décembre, ce qui est complètement scandaleux, nous n’allons pas l’accepter. », a dénoncé Ayib Daffé, député de l’ex-Pastef de Ousmane Sonko.
L’amendement en question viole la Constitution et notamment les articles 27 et 103, ce dernier interdisant une quelconque modification du mandat du président.
Et selon Fary Ndao, ingénieur et membre actif de la société civile, « les sept membres du Conseil constitutionnel sont désormais le dernier rempart contre la tentative de coup d’État constitutionnel ».
‘la tradition démocratique du Sénégal’
Cette situation au Sénégal est suivie de près par la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui ne cache pas sa préoccupation. Elle déconseille toute action ou déclaration qui pourrait aller à l’encontre des dispositions de la Constitution du pays et rappelle à la population et à la classe politique leur responsabilité dans le maintien de la paix et de la stabilité dans le pays.
« La Commission de la CEDEAO encourage la classe politique à prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour rétablir le calendrier électoral conformément aux dispositions de la Constitution du Sénégal », lit-on dans un communiqué de l’organisation.
La CEDEAO appelle toutes les parties prenantes à renoncer à la violence et à toute action susceptible de troubler davantage la paix et la stabilité du pays. De même, elle exhorte les forces de l’ordre à faire preuve de la plus grande retenue et à protéger les droits fondamentaux de tous les citoyens.
La Commission de la CEDEAO se propose de prendre toutes les mesures nécessaires pour accompagner le gouvernement et le peuple sénégalais à maintenir la tradition démocratique du pays.
De même, les États-Unis « demandent instamment au gouvernement de Macky Sall d’organiser l’élection présidentielle conformément à la Constitution et aux lois électorales ». Washington a fait part de ses inquiétudes face aux mesures prises pour repousser l’élection présidentielle du 25 février au Sénégal. Pour Matthew Miller, porte-parole au Département d’État américain, il s’agit d’une mesure qui va à l’encontre de la forte tradition démocratique du Sénégal.