Au CHU Kara au nord Togo, les ventes parallèles des médicaments cristallisent les attentions et discréditent le corps soignant. Le 02 octobre dernier, une organisation de la société civile a accusé l’hôpital d’arnaque. Le Collectif des syndicats de la santé reconnaît cette pratique, qui selon lui, est aussi vieille que le monde dans le secteur de la santé au Togo.
En milieu de semaine dernière, l’Observatoire pour la Promotion de la Santé en Afrique (OPS-Afrique) rapportait que le 20 septembre dernier, un jeune homme a été évacué au CHU kara pour morsure de serpent et admis en soin à la réanimation.
Le médecin traitant lui a prescrit le sérum antivenimeux Inoserp. La pharmacie du CHU Kara ne disposant pas de ce sérum, les parents se sont rendus à la pharmacie LAFIA où ils découvrent que les deux flacons prescrits coûtent 137.750F CFA.
Alors que la famille se concertait à l’hôpital pour réunir les sous et s’en procurer, le médecin soignant leur propose le produit à 60.000F la boîte, qui contient deux flacons.
Une heure plus tard, après l’analyse de sang, il prescrit le même produit et empoche encore 60.000F. Voyant l’état du patient se dégrader, il prescrit une troisième fois le même produit au lendemain. Il a donc soutiré 180.000F à la famille en deux jours alors que l’état du patient s’empirait. L’agent propose au troisième jour six (6) flacons. Cette fois-ci avec une réduction de 60.000F, c’est-à-dire que les parents devraient payer 120.000F. Ce qui fut fait.
Ventes parallèles des médicaments, une vielle pratique
Réagissant lundi à ce sujet, Synphot, Sylasto, Synsafeto, Synpersanto, Synpages, Synapreto et Synam ont donné du crédit à la dénonciation faite par l’OPS-Afrique.
« D’après les premiers résultats des investigations, le Collectif constate malheureusement qu’il y a eu transaction financière entre des agents de santé et les accompagnants des patients », a indiqué le Collectif des syndicats de santé en conférence de presse.
Il condamne ce fait et rappelle à tous les personnels soignants que ces pratiques sont interdites et contraires à l’éthique et à la déontologie qui régissent la corporation.
Pour le Collectif, il revient à chaque personnel soignant de s’en tenir strictement aux cahiers de charge qui lui est assigné dans l’exercice de sa fonction en évitant d’être un intermédiaire commercial.
La politique de santé en question
Selon le Collectif des syndicats, au moment où les ventes parallèles des médicaments se sont produits, il y avait une rupture de sérum anti venimeux dans la pharmacie hospitalière du CHU Kara. Depuis plus d’une décennie, ces ruptures sont récurrentes et connues des autorités sanitaires dans les régions centrales, Kara et savanes.
« On assiste depuis des années à une pénurie de sérum anti venimeux. C’est ce qui permet à certaines personnes d’avoir des circuits d’approvisionnement de médicaments dont on n’a pas le contrôle. Ce qui est réel, c’est que cette histoire pareille est vieille, elle n’est pas nouvelle », a reconnu Gilbert Tsolenyanu.
Pour le secrétaire général du Synphot, cette pénurie criarde est inexplicable dans une formation sanitaire contractualisée.
« Nous demandons pour une énième fois l’évaluation externe de la démarche de contractualisation qui présente d’énormes insuffisances », a-t-il pesté.
Le Collectif déplore que depuis lors toutes les tractations faites à l’intention du ministre en charge de la santé pour discuter de la pénurie régulière des médicaments essentiels et d’urgence à usage exclusivement hospitalier sont vaines.