Mamadi Doumbouya, le président de la transition guinéenne a dénoncé l’attitude de la communauté internationale devant les crises sociopolitiques en Afrique. Au sujet des coups d’Etat, il a invité les occidentaux à apprendre à condamner les nombreuses formes non armées. Le Colonel Doumbouya a également fustigé les catégorisations dont sont victimes les pays africains.
Le militaire tombeur de Alpha Condé s’exprimait jeudi à la tribune de l’ONU. Mamadi Doumbouya a fait remarquer que le continent africain est touché par une vague de coups d’Etat militaire, surtout dans les pays francophones du sud du Sahara.
« Bien que largement condamnés, il est essentiel de ne pas se limiter à dénoncer ces actes, mais de comprendre et traiter leurs causes profondes », a affirmé le Colonel Doumbouya.
Pour lui, au-delà des putschistes armés, ceux qui manipulent la Constitution ou changent les règles pour conserver le pouvoir sont plus nombreux. Il a invité à s’attaquer aux racines du problème.
« Le putschiste n’est pas seulement celui qui prend les armes, qui renverse un régime… Les vrais putschistes, les plus nombreux, qui ne font l’objet d’aucune condamnation, ce sont aussi ceux qui manigancent, qui utilisent la fourberie, qui trichent pour manipuler les textes de la Constitution afin de se maintenir éternellement au pouvoir », assure Mamadi Doumbouya.
Toujours à ce sujet, il note que le modèle de démocratie imposé au continent après le sommet de la Baule ne fonctionne pas. « Les indicateurs économiques et sociaux le démontrent ; ce n’est pas un jugement, c’est un constat », a-t-il appuyé.
Pour ce qui se passe dans le Sahel, Mamadi Doumbouya estime que cette partie du continent traverse l’une des histoires les plus graves de sa très vieille histoire. Il pense qu’elle a les ressorts nécessaires pour y faire face. C’est pour cela qu’il invite la Cédéao, dont la vocation était économique, à « cesser de se mêler de la politique et privilégier le dialogue. »
Mamadi Doumbouya exige le respect
Par ailleurs, le chef de l’Etat guinéen a dénoncé les « catégorisations » dans lesquelles les autres nations veulent cantonner les États africains.
« Nous ne sommes ni pro, ni anti-Américains, ni pro, ni anti-Chinois, ni pro, ni anti-Français, ni pro, ni anti-Russes. Nous sommes tout simplement pro-Africains, c’est tout. Nous mettre sous la coupe de telle ou telle puissance est une insulte à une population de plus d’un milliard d’Africains », a-t-il martelé.
Mamadi Doumbouya a ensuite invité la communauté internationale à « regarder l’Afrique avec les yeux neufs » et à entreprendre avec le continent « une coopération franche dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant ».
Il a fait remarquer qu’environ 70% de la population africaine est constituée de jeunes totalement décomplexés. Des jeunes ouverts sur le monde et décidés à prendre en main leur destin.
Pour lui, la jeunesse africaine n’a pas vécu les guerres idéologiques du passé. Le Col Doumbouya assure que « l’Afrique de papa, la vieille Afrique, c’est terminé ».
« C’est le moment de prendre en compte nos droits, de nous donner notre place. Mais aussi et surtout le moment d’arrêter de nous faire la leçon, de nous prendre de haut, d’arrêter de nous traiter comme des enfants », a-t-il dit.