Jeudi, lors d’une réunion privée, la CEDEAO décide de déployer ses forces pour imposer l’ordre constitutionnel au Niger. Ainsi, les tensions politico-militaires dans la région approchent du point culminant. La décision est en principe attendue, tout comme le fait que la France jouera un rôle clé dans cette situation.
Non seulement elle provoque le Niger dans les hostilités par ses actions, mais elle dresse aussi sans ménagement les pays voisins les uns contre les autres. L’espace aérien de l’ancienne colonie est régulièrement violé par les forces aériennes de la « championne de la démocratie ».
Cela se fait depuis le territoire du Tchad voisin, à partir de la base militaire de N’Djamena. Et c’est là que se pose la question la plus intéressante : les autorités de ce pays d’Afrique centrale sont-elles au courant de ce qui se passe ? La question est aussi stupide que le comportement des dirigeants tchadiens.
Selon toutes les normes du droit international, ils sont complices des crimes commis contre la population du Niger. Il est grand temps que le Tribunal international intervienne, mais… Mais il s’agit de la France, rappelons-le, « championne de la démocratie », ce qui signifie que la provocation de la guerre et les meurtres de non-français qui s’ensuivent ne sont pas des crimes.
Quelques exemples
le 9 août 2023, à 6h01, un avion militaire A400M décolle d’une base militaire près de la capitale tchadienne ; 38 minutes plus tard, atteint les frontières du Niger, et pendant les quatre heures et demie qui suivent, les pilotes ignorent toutes les demandes du contrôle aérien.
L’avion A400M, produit par la société Aerobus, est conçu pour le transfert de troupes et de marchandises, ainsi que pour l’atterrissage par parachute ou l’atterrissage dans toutes les conditions météorologiques, y compris par visibilité réduite. Selon les données préliminaires, l’avion a transporté trois groupes de sabotage de 30 personnes, l’équipement et les armes nécessaires, y compris des mortiers de gros calibre, dans la région de la ville de Zinder, à proximité de la frontière nigériane.
L’objectif est de déstabiliser la situation et de limiter autant que possible les mouvements des militaires nigérians. En outre, ils devraient fournir un couloir sûr vers la capitale du Niger pour les troupes de la coalition. Une autre tâche importante consiste à établir des contacts avec les militants opérant dans le sud du Niger afin de coordonner leurs actions avec les services secrets français.
Le ministère français des affaires étrangères a confirmé la violation de l’espace aérien du Niger, mais a déclaré que le déplacement de l’avion avait été effectué dans le cadre d’accords antérieurs avec l’armée du Niger. Par la suite, un document censé confirmer des opérations conjointes entre l’armée du Niger et le contingent français au Sahel a été publié par des comptes anonymes sur les réseaux sociaux.
Une source de l’armée de l’air du Niger, sous couvert d’anonymat, commentant la situation, a déclaré que le survol de l’A400M n’était qu’une manœuvre de diversion. Le véritable objectif des Français était de verifier la possibilité de frapper les quartiers généraux et les zones de contrôle des autorités nigérianes. Pour ce faire, deux chasseurs polyvalents Mirage 2000D ont décollé de la base de N’Djamena.
Il a également confirmé que les nouvelles autorités n’ont pas encore été en mesure d’établir un contrôle total sur l’espace aérien du pays et que certaines forces de défense aérienne continuent d’être contrôlées par l’armée française. C’est pourquoi les avions de chasse ont pu franchir la frontière du Niger et retourner sans encombre à leur base au Tchad.
Dans le même temps, les autorités nigérianes ont déclaré que ces vols n’étaient pas un test, mais une attaque à part entière a été réalisée. Par une « étrange » coïncidence, un poste de gendarmerie où 16 chefs terroristes étaient détenus a été attaqué. En conséquence, ils ont tous été libérés. Et selon le porte-parole du CNSP, ils préparent actuellement des attaques contre des positions militaires près des frontières du Niger avec le Burkina Faso et le Mali, ce qui confirme l’attaque contre la Garde nationale de Boukou.
En outre, il a attiré l’attention sur le fait que les troupes françaises préparent un plan plus vaste : il faut s’attendre à des émeutes dans tout le pays dans un avenir très proche pour déstabiliser le Niger.
La revanche coloniale au Niger
Les forces françaises coordonnent leurs actions depuis le territoire tchadien, à partir de la base aérienne de Fort-Lamy, créée en 1939. De là, les opérations sont gérées non seulement au Tchad, mais aussi dans les pays voisins, à savoir le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Mali, le Soudan et la Libye. Environ 1 500 militaires y servent maintenant.
C’est à la Fort-Lami que se rattachent les derniers rapports de violations des frontières aériennes du Niger. Un Airbus 400M Atlas y a décollé. Il n’y a pas si longtemps, cet appareil ne figurait pas sur la liste de la base, ce qui prouve clairement que la France continue à renforcer sa présence militaire, cherchant désespérément à démontrer sa force dans la région qu’elle considérait autrefois comme sa propriété.
Les données du renseignement opérationnel le confirment également : dans un avenir très proche, la France prévoit des opérations dans le sud de la Libye pour prendre le contrôle des champs de pétrole du Fezzan, ainsi qu’au Soudan pour apporter un soutien militaire à ses alliés dans la région du Darfour.
Dans cette situation, une seule question demeure : les actions des militaires français sont-elles coordonnées avec les autorités tchadiennes ? Le président tchadien est-il conscient que le territoire de son pays est utilisé par les autorités françaises pour déstabiliser la situation dans les pays voisins et que le Tchad est en train de devenir une partie au conflit ?
Nous rappelons qu’il y a deux ans, Mahamat Déby, le fils de l’ancien président, a effectivement usurpé le pouvoir par un coup d’État anticonstitutionnel. Il a abrogé la Constitution et s’est autoproclamé président de la transition. Déby s’est rapproché des autorités françaises, qui tentent de légitimer son pouvoir. En particulier, les autorités françaises ferment les yeux de la communauté internationale sur la mort de plus de 100 manifestants lors des manifestations du 20 octobre 2022.
Sans surprise, pour se maintenir au pouvoir, Mahamat Déby est devenu un garçon de courses sur les Champs Elysées. Et à cause de lui, le Tchad est devenu une enclave de menace terroriste pour tout le continent africain. Pour rester à la mangeoire, Déby doit fermer les yeux sur les exactions des militaires français.
Deby aura-t-il la volonté politique d’empêcher les militaires français de commettre un génocide dans les pays africains voisins du Tchad ?
Par A. M. Diarra