La Conférence des évêques du Togo (CET) a adressé jeudi un message au peuple togolais à l’occasion du 63è anniversaire de l’indépendance du Togo. Dans leur déclaration intitulée ‘’Pour une indépendance véritable, soyons levain dans la pâte’’, les prélats se sont posés un certain nombre de questions sur le sens que revêt la célébration de l’indépendance pour les Togolais. Des questions sans réponse laissées certainement à l’appréciation de tout un chacun.
Pour la CET, le Togo est la terre remise entre nos mains par le Créateur. Il est celui qui nous relie aux générations passées et futures ainsi qu’à chacun des frères et sœurs de la génération présente. Et à ce titre, filles et fils du Togo de cette génération, sont des acteurs d’une Nation à construire, car elle est toujours en devenir.
Une Nation en devenir signifie fondamentalement que l’indépendance, fait historique du 27 avril 1960, invite à un combat permanent pour l’édification d’une communauté politique prospère, d’un pays où il fait bon vivre pour tous car le droit et la justice sont mis au service de la cohésion sociale.
« Certes, des efforts appréciables sont réalisés sur divers plans, et il importe de les reconnaître pour les encourager. Cependant, nous devons tous nous engager ensemble à « aller au large », encore plus loin dans la construction de notre pays. Et c’est l’objectif de ces questions que nous nous posons avec vous », a expliqué la CET.
Des questions qui taraudent les esprits des évêques
D’entrée de jeu, les évêques se demandent si on peut bâtir la Nation togolaise sans la reconnaissance de la diversité sociologique, ethnique religieuse, politique. Ensuite, ils cherchent à savoir pourquoi la reconnaissance de la diversité, comme source de richesse, a du mal à prendre corps dans au Togo ; pourquoi les ethnies, les associations, les confessions religieuses, les partis politiques sont devenus des moyens de division, de tension au lieu d’être des lieux de dialogue, des sources pacificatrices du vivre-ensemble dans l’harmonie des différences.
« Peut-on célébrer l’indépendance sans une conscience nationale ? Faisons-nous vraiment une Nation ? Y a-t-il indépendance sans développement qui nous permet de nous affranchir de la tutelle économique des autres et valoriser nos richesses, nos savoirs et nos compétences ? Y a-t-il indépendance sans la sécurité sur nos propres terres ? Y a-t-il indépendance sans la justice sociale qui permet à chacun d’aspirer légitimement au bonheur ? Y a-t-il indépendance sans enracinement d’un véritable État de droit démocratique ? », se sont interrogés encore les prélats.
Les évêques prêchent l’engagement
Selon la CET, l’indépendance, la vraie, implique l’engagement de chacun, elle se révèle comme un combat permanent. Il y a alors, soutient-elle, de la nécessité de purifier les Togolais de la division et du pouvoir qui sont du vieux levain qui les empêchent de construire la nation.
« Pour bâtir notre Nation, nous devons changer notre façon de nous représenter le pouvoir et de comprendre ainsi que l’indépendance passe par l’interdépendance, la reconnaissance de l’autre et de ses compétences », ont déclaré les évêques.
Pour eux, le Togo, ne manque pas d’hommes et de femmes pour le transformer de l’intérieur en vue d’un vivre ensemble plus harmonieux. L’avènement du Togo, l’or de l’humanité, est à ce prix.