Ibrahim Traoré n’est pas un homme à se faire dicter les règles. Le président de la transition du Burkina-Faso ambitionne de reconquérir à son pays sa souveraineté confisquée. La brouille diplomatique avec la France n’est que le début d’un long combat pour une dignité retrouvée des burkinabé.
Fin décembre 2022, le Burkina a demandé le départ de l’ambassadeur de France accrédité à Ouagadougou, Luc Hallade, après « une perte de confiance ».
Ce diplomate avait exhorté ses compatriotes à quitter la 3e ville du pays, Koudougou, à cause de l’insécurité. Ce, alors qu’à la mi-décembre, deux citoyens français soupçonnés d’espionner l’armée burkinabè avaient été expulsés par les autorités de la transition.
La coordonnatrice du système des Nations-Unies, Barbara Manzi a également appris à ses dépens la détermination des nouvelles autorités du Burkina-Faso. Mme Manzi a été accusée d’avoir voulu retirer le personnel non essentiel de l’ONU à Ouagadougou. Elle avait été immédiatement mise à la porte.
Ibrahim Traoré n’aime pas les ingérences
Depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2022, Ibrahim Traoré parle moins de diplomatie. Il avait laissé ce volet à son Premier ministre, Me Apollinaire Kyelem de Tambéla et à la ministre des Affaires étrangères, Olivia Rouamba.
Mais à l’occasion d’une visite officielle à Bobo-Dioulasso, 2e ville du pays, le capitaine Ibrahim Traoré a clarifié sa vision de la coopération internationale.
« Nous ne sommes pas contre quelqu’un, mais nous voulons juste vivre et vivre dignement au Burkina (…). Nous avons décidé d’être souverains. C’est une lutte qui sera âpre et dure, mais nous l’avons entamée et comptons aller jusqu’au bout », a lancé le capitaine président.
Pour le chef de l’Etat burkinabè, les actions menées et les décisions prises vont dans le sens de l’indépendance et de la souveraineté du Burkina.
« Cela stipule que certains pays auront du mal avec cela. (…) Mais nous ne devons pas nous laisser manipuler », a-t-il souligné.
Cette sortie du président de la Transition intervient en pleine brouille diplomatique entre Ouagadougou et Paris. Pour Ibrahim Traoré qui n’a pas nommé la France, il s’agit de divergences de points de vue.
Evoquant les relations avec les pays voisins du Burkina, le capitaine Traoré note que cela se passe bien avec certains et moins bien avec d’autres.
« Avec nos voisins de la sous-région, je dirai que ça se passe bien, meilleur avec les uns et moyen avec d’autres », a-t-il dit.
Le Burkina et le Ghana ont été en froid suite à des déclarations du président ghanéen Nana Akufo-Addo, il y a quelques semaines.
Mais, il faut noter que le pays s’est beaucoup rapproché du Mali, sur fond de rapprochement avec la Russie où le Chef du gouvernement, Me Apollinaire Kyelem de Tambéla s’est rendu début décembre.