Depuis la prison, Reckya Madougou se lance pour une campagne électorale pacifique, sans effusion de sang et la restauration de la démocratie. Les béninois se rendront aux urnes pour des élections législatives le 8 janvier 2023. La campagne électorale bat son plein et l’ancienne ministre béninoise voudrait bien que son parti politique, Les Démocrates fasse une percée.
Tout d’abord, Reckya Madougou a regretté que la participation du parti Les Démocrates ait été conditionnée par l’exclusion de certains leaders de premier plan. Malgré tout, elle invite les militants à ne pas faire preuve de désaffection ni d’abstention.
« J’exprime ma solidarité à ceux de mes soutiens qui ont massivement été écartés de la compétition. Je les invite à la sérénité et à accompagner, partout sur le terrain, nos camarades en lice. À ces derniers, braves candidats, j’adresse mes vifs encouragements », a-t-elle posté.
L’ancienne garde des sceaux du Bénin dit mesurer la déception de ses camarades ainsi que des militants et sympathisants de Les Démocrates qui ont souhaité la voir dans cette campagne.
« Cependant, en dépit de ce que je sois tenue captive arbitrairement depuis pratiquement deux ans, et ce, dans des conditions inhumaines et iniques afin de me faire périr ou craquer, vos prières m’accompagnent dans une certaine résilience avec dignité et foi. Je vous en sais gré », a-t-elle dit.
Mme Madougou croit que son infortune et celle de tous les détenus politiques est une fortune. Elle estime que la difficile épreuve doit être placée sous le signe divin d’une marche inexorable vers la restauration de la démocratie béninoise.
Madougou n’est pas dupe
La concurrente de Patrice Talon appelle à une campagne électorale pacifique sur toute l’étendue du territoire et à des élections apaisées, sans aucune effusion de sang, voire dans la fraternité.
Reckya Madougou est toutefois consciente que « la transparence et l’équité de ces élections ne sont pas garanties dans les conditions actuelles » faisant ainsi allusion aux difficultés qu’éprouvent les partis politiques au Bénin depuis 2019.
« Je ne saurais donc hélas présumer de la sincérité des opérations, n’étant pas dupe qu’une exclusion peut prendre plusieurs formes tout au long d’un processus électoral, notamment l’annulation de voix de l’opposition et d’autres facéties. Toutefois, je reste fidèle à mes convictions de femme politique engagée pour un Bénin démocratique, avec en cible une prospérité inclusive. Je veux de nouveau avoir la faiblesse de croire en un sursaut patriotique révélé de nos dirigeants », a-t-elle émis.
Pour l’ancienne ministre, c’est l’Assemblée Nationale qui justifie fondamentalement le pluralisme des courants d’opinion. Et pour rendre ce dernier effectif à l’œuvre de vote de lois impersonnelles et générales dans l’intérêt strict des populations, « l’opposition doit pouvoir y être représentée en masse critique utile ».
« Afin que s’exerce tout autant le très nécessaire contrôle de l’action gouvernementale », explique-t-elle appelant donc les béninois à voter le parti « Les Démocrates ».
Reckya Madougou avait été arrêtée le 3 mars 2021 dans le cadre de l’élection présidentielle qui a abouti à la réélection de Patrice Talon au Bénin. Début novembre, le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies vient de réclamer sa remise en liberté. Les experts onusiens ont indiqué que « la privation de liberté de Reckya Madougou est arbitraire ». Ils ont invité le gouvernement de Patrice Talon à « libérer immédiatement » l’ancienne ministre.