Le soja est de nos jours une des cultures d’exportation les plus dynamiques du Togo. Des exportateurs organisent et structurent la filière, pour un total de production exporté en croissance constante depuis 5 ans. Pour booster davantage cette filière, la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA) à travers son partenariat avec le Mécanisme Incitatif du Financement Agricole (MIFA) promeut la production ainsi que la transformation locale du soja au Togo. Une visite de presse effectuée jeudi dans les champs et dans l’usine en construction a permis aux médias d’évaluer l’accompagnement fait aux sojaculteurs. Le résultat est probant mais des difficultés persistent.
Au Togo, le soja est produit principalement dans les régions Centrale, Savanes et Plateaux. Au cours de ces 5 dernières années, la sojaculture est en crescendo.
La campagne 2016-2017 a enregistré une production de 39 373 tonnes pour une superficie de 60 077 ha. Pour une emblavure de 66 772 ha, la production de la saison 2018-2019 a donné 44 745 tonnes et 46 747 tonnes pour la campagne 2019-2020 sur une superficie totale de 69 710 ha.
Ceci grâce en partie à MIFA, un mécanisme innovant de financement du secteur agricole basé sur le partage de risques. Né dans le but de promouvoir le secteur agricole en structurant les chaînes de valeur agricole de manière à faciliter l’accès des producteurs au financement, afin d’accroître la productivité, il a signé un partenariat avec PIA.
Les deux structures collaborent pour accompagner les producteurs. A Atitsohoe, à 15 km de la ville de Notsè dans les Plateaux, PIA et MIFA organisent des sojaculteurs en coopérative, leur fournissent des intrants et les appuient techniquement. De même, ils leur accordent des crédits pour emblaver plus de superficie.
« Avec l’accompagnement de la PIA/MIFA, nous avons la chance d’avoir plus de crédits pour payer constant aux producteurs dans les villages. Ce qui fait qu’il n’y a plus de fuite de produits, puisque de par le passé les producteurs vendent et attendent qu’ils soient payés 1 ou 2 mois après », a reconnu Kouma Aklesso Bere.
L’agrégateur ajoute que grâce à PIA/ MIFA, la société E-GAB qu’il dirige accompagne cette année dans les Plateaux 50 coopératives de même que des fermiers.
« Cette année nous dénombrons plus de 1400 producteurs comparés à 2020 où on était seulement à 300 producteurs sans l’appui de la PIA/ MIFA. En termes de quantité de produits, en 2020, nous n’avons distribué que 5 tonnes de semences. En juin 2022, au niveau de la PIA/MIFA, 30 tonnes de semences ont été reçues plus 12 tonnes de semences que nous-mêmes avons ajoutées. Ce qui fait une bagatelle de presque 900 hectares emblavés », a détaillé M. Bere avant d’optimiser : « Nous attendons actuellement presque 1800 tonnes de soja qu’on doit collecter pour acheminer vers les usines, alors qu’en 2021 on n’en avait eu que 1200 tonnes ».
Sojaculture, des populations épanouies
Rencontré au champ, Kofi Agabus Kotche, un producteur en situation de handicap témoigne que la culture de Soja à travers l’appui de PIA/MIFA a totalement transformé sa vie. Il révélait avoir gagné plus de 400 mille francs CFA l’année précédente. Mais à cette nouvelle campagne, il estime qu’il pourrait gagner plus d’un 1,5 million pour avoir reçu l’accompagnement de PIA/MIFA.
« Nous avons des techniciens qui sont à nos côtés. Nous suivons des formations nous permettant de savoir comment semer pour avoir beaucoup de soja sur les superficies. A côté, nous recevons les pré-financements en semence de la part de PIA/MIFA. Ainsi, nous n’achetons plus au marché et les sojas mis à notre disposition sont de qualité et produisent beaucoup », a-t-il chambré.
Un peu loin du champ, dans le village Atitsohoè où nous sommes allés à la rencontre des habitants, chef du village, président du CDV, producteurs et entre autres ont exprimé le même satisfécit.
Pour Togbui Hoglo Dzaka II, si le projet PIA/MIFA n’existait pas, il va falloir l’inventer. Le chef du village et ses notables se sont réjouis d’une amélioration considérable de leur production et de leur vie grâce à un soutien indéfectible de PIA/MIFA. Pour lui, les productions de soja ont augmenté dans la localité et les producteurs n’ont pas de difficultés à faire écouler leurs produits.
Le tandem PIA-MIFA a fait généraliser la production dans le village au point où certains étudiants ont abandonné les amphis pour se réfugier dans le champ. C’est le cas de Komlan Akakpo, président du CDV.
« J’ai fait les études supérieures que j’abandonne au profit de la culture du soja. Aujourd’hui, ce que je gagne à la fin de chaque saison, je n’envie pas les fonctionnaires. Dans les années passées le prix de vente de nos récoltes était très bas mais l’année dernière avec l’arrivée de MIFA, le prix était à la hausse et cela m’a permis de m’acheter une moto », a partagé le président du CDV.
Améliorer le rendement pour soutenir la transformation
Unanimement, les sojaculteurs pensent que le rendement aurait été meilleur si toutes les conditions leur étaient favorables. Ils évoquent des difficultés d’ordre climatique. Pour eux, la rareté de la pluie constitue un handicap majeur pour une saison agricole réussie.
En dehors des aléas climatiques, ils évoquent le problème de manque de main d’œuvre. A ce niveau, ils demandent aux partenaires de les doter de drones et des motoculteurs.
En réaction, MIFA qui chiffre à 7 milliards de francs sa capacité de financement rassure qu’il est à l’œuvre pour trouver des variétés de soja qui sont beaucoup résistantes aux aléas climatiques.
« Sur la question de la main d’œuvre, nous travaillons pour acheter tous les équipements notamment les motoculteurs, les moissonneuses afin que les sojaculteurs soient en mesure de produire plus », a déclaré Aristide Agbossoumonde, Directeur général de MIFA.
M. Agbossoumonde a rappelé que grâce au partenariat avec PIA, il est prévu la création de Togo Soja. Nouvelle entité en érection à la PIA, Togo Soja a établi 2 unités de transformation du soja au sein de la zone industrielle avec un investissement total de 25 millions de dollars US (soit environ 165,1 milliards FCFA) avec une capacité de transformation de 100% de la production de soja du pays.
Les travaux de construction de l’usine sont à 98% en termes d’évolution et doivent finir d’ici à quelques semaines. Togo Soja produit l’huile de soja, la lécithine, le soja Hi-pro, les morceaux de soja, le soja grillé et les farines de soja.
Notons que le soja a été introduit au Togo dans les années 80, avec le soutien de la GIZ (GTZ à l’époque). Objectif, apporter un complément alimentaire protéique visant à réduire la malnutrition. C’est à partir des années 2010 que la production de soja s’est développée pour combler le vide de source de revenu chez les producteurs, laissé par les difficultés de la filière coton durant les années 2000.