L’Union des forces de changement (UFC) a commémoré jeudi le 30e anniversaire de l’attentat de Soudou. Le 2e vice-président du parti, Elliot Ohin a animé à l’occasion une conférence de presse. L’ancien chef de la diplomatie togolaise est longuement revenu sur l’accord de gouvernance entre l’UFC et le pouvoir togolais, signé il y a 12 ans. Il dresse un bilan mitigé dudit accord et estime qu’il faut faire respirer la démocratie togolaise par une alternance.
« En politique, l’absence de mémoire dit-on est un crime. Voilà pourquoi à l’UFC, nous pensons que la réconciliation si nécessaire pour notre patrie, ne peut se réaliser dans l’ignorance du passé mais dans l’inclusion, la compréhension du passé et la vérité », a indiqué Elliot Ohin pour justifier le retour sur l’évènement du 5 mai 1992.
En effet ce jour-là, le convoi de Gilchrist Olympio, rentré au pays après 27 années d’exil, a été pris pour cible par des individus armés jusqu’aux dents. Il y a eu plusieurs morts dont Marc Atidepe et plusieurs jeunes enthousiastes de Tchaoudjo et d’Assoli. On déplorait également de nombreux blessés parmi lesquels M. Olympio lui-même et Elliot Ohin.
L’ancien ministre togolais des affaires étrangères a invité les togolais à avoir comme credo : « Plus jamais ça sur la terre de nos aïeux ». Et pour « conjurer ce genre d’ignominie au Togo et pour que tous ces sacrifices ne soient pas vains », M. Ohin note que l’UFC devra donner à son action plus de rigueur, de discipline et de constance.
« Ce renforcement passera par l’engagement de tous dans un processus de refondation et de réinvention pour renouveler le projet politique de l’UFC et l’adapter à la situation actuelle et aux enjeux qui se profilent à l’horizon », a-t-il déclaré.
A l’occasion, l’ancien ministre des affaires étrangères est revenu sur les contours de la signature de l’accord de gouvernement avec le régime togolais en mai 2010. Il estime que l’accord visait à éviter le pire.
« Il s’est avéré coûteux pour notre formation à bien des égards. Nous restons cependant convaincus que ce choix qui mettait le bien de notre pays au-devant des considérations électorales immédiates de l’UFC, était le meilleur. Même si le chemin a été beaucoup plus long et tortueux que nous l’aurions souhaité, les grandes réformes politiques structurelles et institutionnelles ont finalement abouti », a affirmé Elliot Ohin.
Ce collaborateur de Gilchrist Olympio estime que pour réinventer l’avenir, l’UFC devra aussi faire le bilan des échecs des douze années qui viennent de s’écouler. Il reconnaît ainsi que « les choix difficiles consentis pour faire avancer la nation togolaise vers la démocratie n’ont pas atteint les résultats escomptés ».
« Nous devons reconnaître avec lucidité que les orientations que nous avons prises n’ont produit que des résultats mitigés à ce jour. Notre pays est certes en paix et les efforts de redressement de l’économie produisent certains résultats tangibles. Mais, un pays en paix sans justice ne peut jamais engendrer une vraie démocratie », pointe l’ancien ministre.
Au sujet des dissensions internes dans le parti, M. Ohin pense que le respect des textes en vigueur par tous les militants règlerait tous les problèmes.
Elliot Ohin s’attend à mieux de la part du pouvoir
L’ancien chef de la diplomatie togolaise prône une transition du Togo vers un Etat de droit dans lequel les droits fondamentaux de l’homme, les libertés publiques et la dignité de la personne humaine sont garanties et protégées. Il appelle à la fin de la corruption, du favoritisme, de l’impunité ou encore de l’instrumentalisation des liens ethniques.
La méthode devant permettre d’atteindre l’objectif selon le 2e Vice-président de l’UFC reste l’entente et la discussion entre tous les togolais. Pour lui, la coopération est plus productive que l’opposition.
« On ne peut pas développer un pays en nous opposant. Nous prônons avec le gouvernement et cela n’a pas changé. Nous ne regrettons pas l’accord. Nous n’avons pas eu tout ce que nous voulions mais c’est cela la politique. Un marchandage perpétuel. Il y a encore du travail à faire pour arriver à une transition et à une alternance », croit savoir M. Ohin.
L’ancien ministre est convaincu que l’alternance est le poumon de la démocratie. De ce fait, il estime qu’il faut penser à l’alternance si la volonté est de voir la démocratie togolaise respirer.