Le Collectif des syndicats de santé a adressé fin mars dernière un courrier au ministre chargé de la santé pour lui rappeler la nécessité de mise en œuvre de certains points urgents des recommandations du Groupe de Travail. Le gouvernement a mis du temps pour réagir. Au final, une rencontre est annoncée. En attendant, Prof Moustafa Mijiyawa reconnaît la pertinence des revendications.
Ce sont tous les syndicats de la santé réunis au sein d’un collectif qui ont envoyé le courrier au Prof Moustafa Mijiyawa. Une démarche qui traduit l’unicité des acteurs de santé à fédérer tous les syndicats du secteur en un collectif dont le porte-parole est Dr Gilbert Tsolenyanu.
Malgré cette action entreprise collégialement par 8 syndicats, la réaction du gouvernement s’est faite attendre. Les autorités ont fini par réagir et une rencontre est prévue mardi à Lomé.
Les agents de santé mettaient déjà en cause la tergiversation du gouvernement qui pourrait ouvrir un autre front dans la santé alors que l’éducation est déjà agitée par des grèves tous azimuts.
Dans le courrier déposé sur la table du gouvernement, les syndicats de la santé rappellent la nécessité de mise en œuvre des recommandations du groupe de travail, dont certaines arrivent à échéance cette année.
« Les recommandations non encore satisfaites, partiellement ou peu satisfaites au vu des échéances et du contexte, font le lit de sentiments mitigés et de doute dont les mouvements d’humeur du 1er septembre 2021 dans le secteur, n’ont été qu’un prodrome », indique le Collectif dans le courrier.
Si les agents de santé saluent la proclamation des résultats du concours avec un recrutement de 703 nouveaux fonctionnaires, le paiement de la prime COVID-19 pour le compte de l’année 2021, ils indiquent que toutefois que « certains points importants restent toujours en souffrance ».
Parmi ces points, figure en premier ligne le recrutement du personnel. Les recommandations avaient prévu le recrutement de 4828 agents de santé mais à ce jour 1700 sont recrutés. Conformement aux recommandations et en tenant compte du contexte sanitaire, le collectif des syndicats de la santé demande une liste additive d’au moins 504 agents avec 75 % de contractuels, pour absorber en priorité ceux qui seront concernés par la limite d’âge pour passer le concours de 2022.
Cette demande est motivée par les études du ministère de la santé dans le cadre de l’arrêté portant services de Garde et qui montre clairement un besoin en personnel d’au moins 900 agents uniquement dans les grands centres pour assurer un service minimum de sécurité et de qualité.
Les agents de santé demandent également l’organisation d’un concours pour recruter le reste des agents soit au moins 3128. Ils exigent la prise en compte des gardes malades, et autres personnels d’appuis et administratifs par le concours de recrutement, conformément à la promesse du gouvernement.
De l’autre côté, les praticiens hospitaliers rappellent au gouvernement la nécessité de relèvement des primes notamment la prime de risques et de contagions; les primes de gardes et d’astreintes au personnel de santé en mettant une différence entre les weekends, jours fériés et les jours ouvrables.
« Ces relèvements devraient prendre effet à partir de 2022 et consacrer la période transitoire du passage à la fonction publique hospitalière ».
Et même si la pandémie de la COVID-19 a largement retardé les activités prévues au sujet de la fonction publique hospitalière, les agents de santé attendent que les missions d’imprégnation puissent rapidement se faire et la finalisation des documents nécessaires notamment dans le cadre de la refonte annoncée du statut général de la fonction publique.
« La résolution de ces points en souffrance regroupés en ces trois axes est une urgence pour maintenir une certaine accalmie dans le secteur de la santé pour un développement durable. Cela confirmera le Dialogue social, comme voie de résolution des problèmes des travailleurs du secteur public comme privé », a adressé le Collectif des syndicats de la santé à Prof Moustafa Mijiyawa.
Prof Mijiyawa salue l’attitude des Syndicats de santé
Se prononçant sur le sujet dimanche à la session spéciale du Conseil national du dialogue social (CNDS) marquant la célébration de la fête des travailleurs au Togo, le ministre de la santé a reconnu la légitimité de ces revendications.
« Le contenu de leurs doléances a le mérite d’être cohérent par rapport aux 4 points essentiels objets de discussions depuis quelques mois… Nous allons les rencontrer dans les tous prochains jours. Je peux avouer que les acteurs de la santé ont été souvent sensibles au fait que contrairement à l’argent, la maladie arrive aux galops et repart aux pas. Ils ont également toujours préféré regarder le zèbre plutôt que son ombre. En regardant le zèbre, on peut distinguer les rayures noires des rayures blanches mais en regardant son ombre, cette distinction est impossible », a déclaré Prof Mijiyawa.