Le gouvernement togolais était en Conseil des ministres vendredi dernier à Gando. Prof. Dodzi Komla Kokoroko, le ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat en a profité pour se rendre à Dapaong (600 km au nord de Lomé). Là-bas, il a remis du matériel informatique à des lycées. Mais Prof Kokoroko n’a pas manqué de se prononcer sur la grève de 2 jours observée par les enseignants les 24 et 25 mars derniers. Il promet renvoyer les grévistes de l’enseignement.
Dodzi Kokoroko ne mache pas ses mots. Pour lui, l’école togolaise est malade de certains de ses enseignants qui pensent qu’ils peuvent défier l’Etat. Le ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat se prononce ainsi aux lendemains de la grève des enseignants des 24 et 25 mars derniers observée à l’appelle du Syndicat des enseignants du Togo (SET).
Le gouvernement ne cèdera pas au chantage
Professeur titulaire de droit publique des Universités, Dodzi Kokoroko pense que les responsables de cette organisation syndicale font du « charlatanisme » ou plutôt de la « comédie juridique ». En effet, les autorités togolaises ne reconnaissent pas l’existence de ce syndicat.
Mais ses responsables persistent et signent au sujet de leur légalité. Le syndicat s’était fait enregistré en 2020 au ministère de l’administration territoriale avant que l’enregistrement ne soit annulé.
Le mouvement avait ensuite refait une assemblée générale constitutive pour finalement se faire reconnaître par la maire de la Commune du Golfe 2 (Lomé) comme l’exigeait l’ancien Code de travail. Ce que le gouvernement n’entend pas reconnaître. Il avait demandé aux responsables du SET de renoncer au mot d’ordre de la grève des 24 et 25 mars derniers. Des sanctions avaient été brandis, mais les enseignants ont tenu leur position. Le mouvement de débrayage a vraisemblablement été suivi. Le SET s’est d’ailleurs réjoui de la mobilisation.
Ce développement n’est pas de nature à plaire au gouvernement, qui qualifie les actions du SET de perturbations.
Ainsi, le ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat met à exécution les menaces du gouvernement. Il indique que dans les jours à venir, ceux qui troublent le secteur de l’éducation seront purement et simplement exclus.
Dodzi Kokoroko est clair, le gouvernement ne cèdera pas au chantage et n’a pas peur de ceux qui et de celles qui voudraient le défier.
« Je suis venu dans les Savanes et le fleuve Oti m’a permis avec une météo assez intéressante de préparer et de tirer mes premiers missiles. Mes premiers missiles tirés depuis le fleuve Oti feront des dégâts assez lourds. Je vous dis, il y aura des dégâts assez lourds. Parce que ceux qui s’entêtent à troubler le secteur de l’éducation seront purement et simplement exclus de la fonction enseignante et mis à la disposition de la fonction publique. Voilà la décision assez claire et ferme qui sera appliquée dans les jours à venir », a-t-il indiqué.
Le ministre précise qu’il ne s’agit pas d’une menace et d’une intimidation mais de « la réaction ‘légitime’ de l’Etat ».
Dans ses revendications, le SET réclame, pour tout enseignant sans distinction, une prime mensuelle de logement (50.000 F.CFA au moins) en référence à la réforme de l’enseignement de 1975 et une prime annuelle d’éloignement (minimum 300 F.CFA/kilomètre).
Ces enseignants exigent également une allocation de mutation (100.000 F minimum pour les interrégionales et 60.000 F pour les intra-régionales). Sans oublier la demande de recrutement des enseignants volontaires exerçant ou ayant exercé dans un établissement public pendant 3 ans au moins et disposant de qualification professionnelle requise.
Remplacement des enseignants
« Si l’enseignement ne vous paie pas, ne vous rémunère pas conséquemment, et que vous êtes des lumières dans la République, chercher ailleurs. Faites-vous recruter ailleurs », a semblé répondre Prof Kokoroko.
Le gouvernement a même déjà une solution sous le bras dans la perspective des « lourds dégâts » que vont causer le renvoi du nombre considérable d’enseignants ayant observé la grève de 2 jours à l’appel du SET.
« D’ici un mois, le concours de recrutement dans la fonction publique enseignante sera organisé pour 3250 enseignants. 3000 pour toutes les filières et 250 qui seront formés dans les filières scientifiques, notamment les maths et physiques », a avancé le ministre des enseignements.
Pour sa part, le SET se prévaut déjà de la participation d’une « grande majorité du personnel enseignant » au mouvement de grève pour justifier sa représentativité. L’organisation se dit ouverte à des discussions avec le gouvernement. Elle n’exclut pas une reconduction du mot d’ordre de grève en cas d’absence de réponse à ses revendications.