Au Togo, cela fait déjà 2 ans que les prisonniers n’ont plus revu leurs parents et/ou amis. Le gouvernement ayant suspendu les visites dans les prisons. La situation est devenue presque invivable pour les parents des détenus qui en parlent à travers une initiative du Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) et l’Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT). Les deux organisations ont lancé une campagne pour l’ouverture des prisons. Plusieurs familles expriment leur chagrin et dénoncent la violation des droits des détenus.
La décision du gouvernement togolais de suspendre les visites dans les prisons du pays a été prise en lien avec les mesures et les restrictions destinées à limiter la propagation de la pandémie du coronavirus.
Cependant, force est de constater qu’après deux ans, aucune mesure alternative n’a toujours été prise afin de garantir le droit de visite à ces détenus, et ceci malgré l’autorisation donnée par le gouvernement togolais de reprendre toutes les activités suspendues à travers un communiqué rendu public le 22 février 2022.
Des parents expriment leur peine
Pour les familles c’est la désolation et l’amertume totale. Un parent d’un détenu rencontré par le CACIT explique que privé de visite, son enfant s’est finalement retrouvé dans un centre psychiatrique.
« Cela fait très longtemps que je n’ai plus vu mon enfant. La dernière fois que je suis allé le voir, ce sont les gardes pénitentiaires qui ont pris l’argent et la nourriture pour lui amener. Au début, j’y allais et je lui apportais mon soutien. Mais comme je n’y vais plus j’ai appris récemment qu’il a été amené à Zébé pour question de troubles mentaux », a déclaré à CACIT, un parent d’un détenu à la prison depuis 5 ans.
A l’image de ce parent, beaucoup de familles interrogées par notre rédaction content les mêmes déboires. Pour elles, les prisonniers dans les maisons d’arrêt du Togo meurent lentement.
« Ce qui tue mon enfant à la prison civile de Lomé c’est le fait qu’il n’arrive plus à voir l’un de ses proches. Depuis son entrée en prison, il tient parce qu’il sait que sa famille est avec lui et qu’elle va l’aider à refaire une autre vie une fois sorti. Mais malheureusement j’ai appris récemment qu’il souffrirait de la dépression », a témoigné un autre parent.
Le vieux Kodjogan quant à lui accuse les autorités togolaises de retourner à l’époque de la prison de la IIIè République française où les détenus n’avaient de contact qu’avec les surveillants pénitentiaires.
Plaidoyer pour l’ouverture des prisons
La situation n’est pas méconnaissable au CACIT. Ce collectif a adressé une lettre au Président de la République le 22 septembre 2021 afin de rouvrir les prisons et que les visites aux détenus puissent reprendre.
Des solutions adaptées à la situation ont été de ce fait proposées. Entre autres, la présentation d’un test PCR négatif, fait gratuitement, datant de moins de 3 jours, la présentation d’un pass vaccinal indiquant la prise effective des vaccins homologués et la planification des visites hebdomadaires au moins deux fois par semaine.
Face au statuquo le CACIT et l’OMCT lancent une campagne médiatique à travers les témoignages des familles des détenus. Objectif, rétablir les visites familiales dans les prisons pendant et après la Covid-19.